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  • GUERRE : LA SOBRIETE ENERGETIQUE QUI VIENTLES GILETS JAUNES, LES ÉNUCLÉATIONS, LES COCKTAILS MOLOTOV N’ONT PAS RÉUSSI LÀ OÙ LA STUPIDITÉ DE L’EUROPE NOUS FORCE TOUJOURS A PAYER LE PRIX FORT

    GUERRE : LA SOBRIETE ENERGETIQUE QUI VIENT

    Avec l’offensive russe en Ukraine, l’idée qu’il va falloir consommer moins d’essence et de gaz devient consensuelle. Pour combien de temps et avec quel impact sur notre quotidien ?

    Les faits -

    L’invasion russe en Ukraine se fait déjà sentir jusque dans les stations-service et sur les factures de gaz. Le président américain Joe Biden a annoncé mardi que les Etats-Unis suspendaient les importations de pétrole et d’autres produits énergétiques russes. Les dirigeants européens vont subir une forte pression pour suivre alors que Moscou menace de couper le gaz à l’Allemagne. Dans une tribune au Monde, François Hollande propose d’arrêter d’acheter du gaz à Vladimir Poutine : « N’est-il pas temps de changer notre modèle énergétique ? ».

    A priori, il n’y pas de rapport entre la guerre en Ukraine et la transition énergétique. On pensait même que la première allait faire oublier l’autre, occupant tout le champ médiatique et venant aux premiers rangs des préoccupations. Le rapport du Giec sorti le 28 février n’a d’ailleurs pas fait assez de bruit pour couvrir celui des bombardements russes. Aujourd’hui, pourtant, le lien entre les deux menaces est fait : le chaînon manquant, c’était la sobriété qui s’impose désormais dans nos vies.

    Les chefs d’Etat européens se réuniront les 10 et 11 mars à Versailles pour évoquer leur dépendance énergétique au gaz russe et les manières de trouver de nouveaux approvisionnements. La sobriété sera au programme. « Il va falloir faire beaucoup plus attention à nos consommations d'énergie », a ainsi rappelé Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, le 7 mars sur BFMTV. « Un degré en moins sur une durée de douze mois, cela représente 10 à 15 térawattheures de gaz économisé. On peut le faire dès aujourd’hui d’ailleurs ! », a expliqué dans une interview aux Echos, la patronne d’Engie Catherine MacGregor.

    Même l’Agence internationale de l'énergie s’y met ! Elle assurait la semaine dernière que baisser la température de 1 degré des foyers permettrait à l’Europe d’économiser environ 10 milliards de mètres cubes de gaz en un an, soit un peu moins de 10 % des importations russes en Europe. « Qu’une telle institution incite les ménages à baisser leur chauffage, cela montre qu’il y a un changement d’échelle, juge Lucile Schmid, co-fondatrice de la Fabrique écologique. Cette crise oblige à regarder le monde tel qu’il est, à sortir d’une bulle verte, à penser le monde différemment et à se dire que la liberté, ce n’est pas de se chauffer à 25 degrés. » Elle estime que l’enjeu écologique fait désormais partie du paysage mental. « Il n’y aurait pas le conflit ukrainien que la question de la sobriété serait posée, elle l’est aujourd’hui, a assuré Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, le 8 mars sur RTL. Collectivement, nous devons entrer dans la sobriété ».

    Bouclier tarifaire.

    Pour l’instant, cette sobriété n’est pas choisie, mais obligatoire. Le gouvernement a certes promis de maintenir – si Emmanuel Macron est réélu – son bouclier tarifaire sur le gaz, mais la crise en Ukraine promet de maintenir durablement les prix élevés, dans un contexte déjà très tendu sur les matières premières. Le baril de brent a débuté la semaine sur une poussée de fièvre à plus de 130 dollars et l’évolution de la guerre en Ukraine a fait s’envoler le prix du gaz à 345 euros le mégawattheure sur le marché de référence européen.

    L’invasion russe en Ukraine se fait sentir jusque dans les stations-service. Le prix du diesel s’est envolé de plus de 14 centimes le litre en moyenne la semaine dernière en France. Selon les données hebdomadaires du ministère de la Transition écologique, le gazole valait 1,8831 euro le litre en moyenne vendredi 4 mars, contre 1,742 euro la semaine précédente. La hausse est si importante que le prix du diesel a même dépassé celui de l’essence. Cela représente une hausse de 7 centimes par rapport à la fin du mois de février. Ce n’est pas une taxe carbone, mais c’est tout de même un sacré signal prix. « Sauf que les recettes ne vont pas dans les bonnes poches, mais dans celles des oligarques russes », note Christian Gollier, directeur de la Toulouse School of Economics.

    Christian Gollier : « Il ne faut pas cacher le coût de l’énergie au consommateur »

    Les Français vont-ils changer leur comportement : remplacer rapidement leurs chaudières à gaz par des pompes à chaleur et moins utiliser leurs voitures pour basculer sur les transports en commun ? A chaque crise énergétique, les gouvernements les incitent à faire des efforts. En 2007, Christine Lagarde, alors ministre de l’Economie, leur suggérait de faire du vélo pour ne pas payer le carburant dont Bercy ne baisserait pas les taxes. Une proposition très fraîchement accueillie... En 1979, le second choc pétrolier avait déclenché la fameuse « chasse au gaspi », celui-ci étant représenté par un bonhomme rose avec un gros ventre et une tête prolongée d’un entonnoir. Il s’agissait d’inciter les automobilistes, cette fois de façon ludique, à conduire le plus économiquement possible.

    Résultats : malgré les crises, les comportements ne se sont pas vraiment transformés.

    Effort de guerre.

    Les choses seront-elles différentes cette fois-ci ? « Les efforts individuels sont perçus comme des efforts de guerre, juge François Gemenne, professeur à Sciences Po et membre du Giec. Je suis un peu désolé que la menace du changement climatique n’aie pas suffit,  si nous avions amorcé la transition écologique il y a trente ans, nous ne serions pas autant dépendants des combustibles fossiles aujourd’hui » [NDLR : Et pas seulement ceux de la Russie mais de tous les pays arabes et surtout ceux de l'Algérie avec laquelle l'UE traite pour éviter le gaz russe !]

    Effort de guerre, solidarité... à ce jour, on ne voit pas se remplir les ronds-points. Mais le bouclier tarifaire, maintenu jusqu’à la fin de l’année, ne pourra l’être indéfiniment.

    Les inquiétudes sur le pouvoir d’achat vont peut-être reprendre le dessus, reléguant une fois encore les questions climatiques au second plan. [Ce qui est plus rationnel !]

    Aux Etats-Unis, un sondage fait par Morning Consult le 7 février, montre pourtant qu’une majorité d’Américains sont favorables aux sanctions contre la Russie, même si cela se traduit par une augmentation du prix de l’essence. « Il est loin le temps où George Bush disait que le mode de vie des Américains n’est pas négociable », juge Lucile Schmid.

    La sobriété, obligatoire, choisie ou subie, pourrait être le mot de la prochaine décennie.

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