• Génocide arménien : le journal d’une survivante des “marches de la mort "

     

    D’avril 1915 à juillet 1916, les deux tiers des Arméniens vivant sur le territoire turc périrent au cours d’une extermination planifiée. Les cadres de l’Empire ottoman furent chargés de rassembler hommes, femmes et enfants. Et la plupart de ceux-ci périrent ensuite lors des « marches de la mort » dans le désert. Au terme de plusieurs semaines de souffrance, Serpouhi Hovaghian réussit, elle, à s’enfuir. Ecrivant en arménien, en grec et en français, elle a relaté au jour le jour les événements insoutenables auxquels elle a assisté avant de parvenir à s’évader. Récit.

    Au milieu des vieux papiers, des photos de familles, souvenirs en noir et blanc des jours passés, il y avait un petit carnet. Anny Romand ne l’avait jamais vu. En le découvrant, ce jour de 2014, l’actrice de 68 ans a eu un coup au cœur : l’écriture fine et régulière de sa grand-mère, Serpouhi Hovaghian, décédée en août 1976, couvrait les pages jaunies par le temps. «Certains passages étaient rédigés dans une langue qui m’était inconnue, nous raconte-t-elle aujourd’hui, mais je me doutais qu’il s’agissait de l’arménien. D’autres pages étaient écrites en français et parfaitement lisibles. C’était le récit de sa fuite devant les tueurs turcs…»

     
    L’actrice Anny Romand (Diva, Le Soulier de satin…) a écrit Ma grand-mère d’Arménie (éd. Michel de Maule), un livre de souvenirs écrit après la découverte du carnet de son aïeule. – Ed Alcock/Myop.

    Les archives administratives de l’Empire ottoman ne permettent pas d’établir avec précision le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont été tués entre 1915 et 1916. Les sources turques avancent le chiffre de 800 000 victimes. Les Arméniens, eux, évoquent un bilan de 1 500 000 morts. On est sûr, en revanche, du déroulement des événements effroyables, grâce aux témoignages de diplomates étrangers en poste en Turquie à l’époque et aux rapports des missionnaires. Ils recoupent parfaitement les récits des survivants.

     
    Les carnets de Serpouhi Hovaghian. – Ed Alcock/Myop.

    Serpouhi Hovaghian faisait partie de ces rares rescapés des massacres. Serpouhi est née le 22 juin 1893 à Samsun. Elle n’est pas restée longtemps dans cette ville, la plus grande des rives de la mer Noire. Son père, Agop, ingénieur à la compagnie de chemin de fer chargée de la construction de la Bagdadbahn, la ligne devant relier Berlin à Bagdad, entraîne en effet sa femme Ani et ses quatre enfants au gré de ses nombreux déplacements professionnels. Comme le reste de la fratrie, la fillette fréquente les meilleures écoles. A Nazareth, en Palestine, elle apprend ainsi le français chez les sœurs, en plus du turc et de l’arménien qu’elle parle déjà couramment. Elle a 13 ans lorsqu’un premier malheur frappe les siens : son père succombe à une péritonite. Ce décès prématuré oblige la famille Hovaghian à regagner Samsun.

    Génocide arménien : le journal d’une survivante des “marches de la mort "

    Arrêtée à Trébizonde le 3 juillet 1915, Serpouhi avait suivi les convois de la mort jusqu’à Agn (tracé rouge). Après son évasion, elle parvint à gagner Kirassou le 25 octobre, avant d’embarquer pour Constantinople (tracé marron clair). – GEO

    Trois ans plus tard, en 1909, sa mère la pousse à épouser Karnit Kapamadjian, un négociant de tabac, de trois ans son aîné et issu d’une famille prospère. Arrangé, ce mariage se révèle cependant heureux. Un an plus tard, le couple donne naissance à un petit garçon, Jiraïr, puis, début 1915, à une petite fille, Aïda. Karnit et Serpouhi s’installent alors à Trébizonde, (aujourd’hui Trabzon) une ville portuaire au nord de l’Anatolie, au bord de la mer Noire. Début août 1914, les premiers coups de canon de la Grande Guerre tonnent à l’ouest. Le gouvernement du Comité Union et Progrès (le parti des Jeunes-Turcs), au pouvoir depuis 1913 et qui a passé un accord secret avec l’Allemagne, décrète l’enrôlement de plusieurs dizaines de milliers d’Arméniens âgés de 20 à 40 ans dans la 3e armée. Karnik, le mari de Serpouhi, peut-être parce qu’il est soutien de famille, échappe à cette mobilisation. Quatre mois plus tard, le 3 novembre 1914, l’Empire ottoman bascule dans la guerre aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. Voyageant pour ses affaires, Karnik Kapamadjian se tient informé de la situation internationale. Il se trouve en Roumanie quand il entend des rumeurs à propos de violences commises contre les Arméniens. Il rejoint néanmoins Serpouhi et leurs deux enfants. Autant dire qu’il se jette dans la gueule du loup. Car le processus d’extermination totale des Arméniens est déjà engagé.

     

    Un plan d’extermination mis au point par les cadres du parti des Jeunes-Turcs

    L’enquête diligentée après la guerre en Turquie pour identifier les responsables des massacres a révélé le plan d’extermination mis au point par les cadres du parti des Jeunes-Turcs. Il se décompose en quatre phases. En février 1915, le ministre de la Guerre Enver Pacha déclenche la première : sur son ordre, les militaires arméniens combattant dans les rangs turcs sont désarmés et envoyés dans des «bataillons de travail». Les conscrits arméniens de la 3e armée sont ainsi occupés à des travaux de terrassement ou de portage. Dans la plus grande discrétion, des groupes de 50 à 100 hommes sont régulièrement extraits de leur régiment pour être emmenés à l’écart et exécutés.

    Deuxième étape : à la fin de l’hiver 1915, une campagne de désinformation est lancée dans la presse. Des articles, visant à préparer l’opinion publique à l’horreur qui va suivre, affirment que des Arméniens soutiennent les troupes russes dans le Caucase. Accusés d’être des traîtres à la solde de la Triple-Entente (France, Grande-Bretagne et Russie), qu’il devient nécessaire d’éradiquer, les Arméniens sont victimes de violences : leurs maisons sont saccagées, leurs boutiques pillées, des notables sont lynchés en place publique. Leur situation est d’autant plus désespérée que, contrairement aux Grecs, ils ne peuvent pas attendre le soutien d’un Etat susceptible de venir à leur rescousse. Face à cette flambée de haine, Ani, la mère de Serpouhi, ses frères et sœurs, choisissent de quitter la Turquie pour se réfugier en France.

     

    Les militaires arméniens désarmés et progressivement liquidés, le plan d’extermination mené par les Jeunes-Turcs peut entrer dans sa troisième phase. Cette fois, les cibles sont les prêtres, les intellectuels et les responsables politiques, qui sont impitoyablement raflés et exécutés. Dans leur excellent ouvrage Comprendre le génocide des Arméniens (éd. Tallandier, 2015), les historiens Hamit Bozarslan, Vincent Duclert et Raymond Kévorkian reconstituent la chronologie de l’horreur. La décision d’anéantir les Arméniens est prise lors de plusieurs réunions d’un comité spécial formé de cadres éminents du parti des Jeunes-Turcs, entre les 22 et 25 mars 1915. Le 24 avril – cette journée a été choisie pour commémorer aujourd’hui le génocide des Arméniens –, 650 intellectuels sont interpellés à Constantinople et assassinés. Partout, dans tous les vilayets (circonscriptions) où vivent les Arméniens, les mêmes atrocités se répètent. Le 26 juin, 42 notables arméniens sont arrêtés à Trébizonde. Le lendemain, ils sont noyés au large de Platana, le port de la ville. Karnit, le mari de Serpouhi, est au nombre des victimes.

     

    Le plan des génocidaires entre dans sa phase finale : la déportation générale

    Sous prétexte de les éloigner du théâtre des opérations militaires, les populations sont sommées de partir. Dans les bourgs, les villes et les villages, des cohortes de femmes, d’enfants et de vieillards (la grande majorité des hommes ont été tués) se mettent en route, à pied, n’emportant avec eux que le strict minimum, pour une destination inconnue. Dans la nuit du 2 au 3 juillet, une semaine après le meurtre de son mari, Serpouhi, son fils Jiraïr, la mère et la grand-mère de son mari, sont réveillés et jetés hors de chez eux. Profitant du chaos qui règne dans la rue, la jeune femme, son garçon de 4 ans dans les bras, se précipite vers l’hôpital où Aïda, son bébé âgé de 6 mois, a été admise quelques jours plus tôt. Elle ne reverra jamais sa belle-famille. Et arrivée à l’hôpital, Serpouhi découvre l’indicible : Aïda est morte. Comme le sont tous les enfants arméniens qui séjournaient à l’hôpital. Serpouhi est finalement arrêtée par des soldats turcs qui l’incorporent au «troupeau» humain désemparé qui prend la direction du sud.

     

    On leur a fait croire qu’on allait les installer dans d’autres villages, pour leur sécurité. Il n’en est évidemment rien. Et le témoignage du gouverneur Celal, surnommé parfois le «Schindler turc» en référence à l’industriel allemand qui sauva 1 200 juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, est accablant. Celal Bey, qui s’opposa au transfert des populations placées sous sa juridiction, témoigna en 1918 : «Le gouvernement, qui a ordonné le transfert des Arméniens à Deir ez-Zor [dans le désert syrien, ndlr], s’est-il demandé comment ces malheureux pourraient survivre sans habitation et nourriture, au milieu des tribus nomades arabes ? […] Il n’est point possible de nier ou de tourner autrement la question. Le but était l’extermination et ils ont été exterminés.»

    Un voyage sans retour

    Des longs convois se mettent en marche pour se rendre, par des chemins détournés à travers la Capaddoce, vers les déserts de Syrie ou d’Irak. Serpouhi, qui avance en tenant la main de Jiraïr, comprend-elle qu’il s’agit d’un voyage sans retour ? Dans une des premières notes de son journal, elle écrit : «Les Arméniens disparaîtront comme fumée de cigarette, seules resteront les cendres, et seule la terre viendra à notre secours.» Le périple est interminable raconte-t-elle : «Nous marchons sans but, six heures par jour, sans manger ni boire. Une route, marche et marche encore, jusqu’à ce que tu mettes fin à ta vie, une souffrance indescriptible.» La malnutrition fait tomber les prisonniers comme des mouches. D’autres sont abattus par les gardes qui les escortent. Ils font des étapes dans des contrées désertiques où ils sont parqués comme des animaux, ou dans des bourgades où ils sont soumis aux violences des villageois.

     

    Après des jours et des jours de ce régime inhumain, Serpouhi comprend qu’elle ne pourra pas sauver Jiraïr. Elle profite d’une halte dans un hameau pour confier son petit garçon à une paysanne musulmane. Elle relate cette scène déchirante dans son carnet : «Je fermais les yeux pour ne pas voir, pour ne pas entendre ses pleurs et ses cris.» Plus loin, elle exprime son insondable détresse : «Oh ! quel désespoir immense pour arriver à l’ultime point de non-retour de la misère et de la souffrance pour confier nos enfants, et à qui ? Aux criminels sanguinaires qui ont tué vos mères, sœurs, frères et maris dans de grandes souffrances !»

    Après vingt-cinq jours de marche forcée, le convoi arrive à Erzincan, sur la rive de l’Euphrate. Un soldat fait sortir Serpouhi du groupe. A-t-il jeté son dévolu sur elle ou veut-il la vendre comme esclave comme cela s’est produit pour d’autres au cours du voyage ? La jeune femme n’a aucun moyen de le savoir. «Un militaire m’a cachée dans une maison […] Un nid de typhus, trois personnes étaient atteintes, mais je n’ai pas été infectée», note-t-elle. Après être restée trois jours, allongée sur une paillasse, dans cette masure insalubre, Serpouhi est découverte par d’autres soldats pour être intégrée à un nouveau convoi, composé presque exclusivement de femmes. «Ils les avaient épousées pendant deux mois avant de les rejeter», écrit-elle. «Epousées» est évidemment un euphémisme qui dissimule une réalité plus sordide. Dans ce cortège, Serpouhi retrouve une de ses tantes par alliance. Elles sont ensemble lorsqu’elles assistent à une scène qui les marquera à jamais : «La longue rivière coulait toujours à nos côtés. Nous pensions qu’à chaque instant, ils allaient nous y jeter. Ils ont lancé deux chariots pleins de petits garçons dans la rivière. Cette scène ne sort pas de mes pensées et je pense qu’elle ne sortira jamais. Quand j’ai vu les corps de ces garçons dans l’eau, et que leurs bras, leurs jambes remuaient encore, j’ai été profondément choquée, plus encore quand j’ai vu ces monstres les regarder avec un sourire sarcastique», raconte-t-elle dans son journal.

     

    Serpouhi et sa tante reprennent leur interminable marche, convaincues que la mort les attend à l’arrivée. Elles ne se trompent pas. Leur convoi arrive, en août 2015, en vue des sinistres gorges de Kemah, à 45 kilomètres à l’ouest d’Erzincan, sur la rive gauche de l’Euphrate. Dans Le Génocide des Arméniens(éd. Odile Jacob, 2006), l’historien français Raymond Kévorkian donne une description saisissante du site et de l’utilisation qu’en firent les tueurs turcs à l’époque : il faut quatre heures de marche pour traverser ces gorges, qui représentent un piège mortel. L’Euphrate déchaîné d’un côté et les falaises abruptes de la chaîne du mont Sébouh de l’autre rendent vain tout espoir d’évasion. Les escadrons de l’Organisation spéciale – fondée en secret en novembre 1913 pour exterminer les Arméniens, son existence n’a été dévoilée qu’en mai 1919 – y conduisent les déportés comme à l’abattoir. Selon certains rapports, jusqu’à 25 000 personnes y sont exécutées chaque jour. Des dizaines de milliers de femmes et d’enfants sont jetés du haut des gorges dans le fleuve, les tueurs descendant sur les berges pour achever les blessés que le courant n’a pas emportés. Des jeunes filles, au bord du précipice, s’agrippent à leurs bourreaux qui tentent d’abuser d’elles et les entraînent dans la mort. Serpouhi, par chance, ne connaîtra pas cette fin atroce. Lors d’une halte dans un village, juste avant d’arriver aux gorges de Kemah, elle joue son va-tout. «Au moment où le convoi était prêt à repartir, tous étant occupés à faire leurs préparatifs, j’ai pris la fuite avec ma tante», explique-t-elle dans son carnet.

     

    Serpouhi réussit à s’évader

    Les deux évadées trouvent refuge dans un village voisin et, ne sachant pas où aller, tentent de survivre en échange de travaux de couture. Un mois plus tard, elles sont chassées et retombent entre les mains de leurs bourreaux pour être acheminées dans un nouveau convoi, à Agn (actuelle Kemaliye). Là, pour une raison obscure, les gardes séparent les catholiques des orthodoxes. Profitant de la confusion, Serpouhi s’évade à nouveau, avec une autre femme. «Au matin nous avons continué notre chemin, nous sommes arrivées près d’une maison démolie. Quand j’ai vu que nous étions assez éloignées et qu’ils ne pouvaient plus nous rattraper, nous nous sommes arrêtées. J’ai décidé d’y passer la nuit parce que je n’ose plus avancer quand la nuit tombe», raconte-t-elle dans son carnet. Malgré ses craintes, elle n’est pas reprise cette fois et parvient même à regagner les rives de la mer Noire. Elle arrive à Kirassoun (actuelle Giresun) le 25 octobre 1915. Se faisant appeler Marie et se prétendant catholique, elle est hébergée chez des notables de la ville, puis, en février 1916, dans une famille grecque qui la cache au péril de sa propre sécurité.

     

    En novembre 1916, alors que la pression des troupes russes se fait plus forte, les Grecs sont à leur tour la cible des attaques de la presse turque. Le mois suivant, les déportations commencent, avec leur litanie d’extorsions, de viols, de saccages. Cette fois, pour Serpouhi, il n’y a plus de refuge possible. En septembre 1917, misant le tout pour le tout, elle soudoie un marin turc qui accepte de la conduire clandestinement à Constantinople. Dans la capitale, la présence de diplomates et d’observateurs étrangers empêche les tueurs d’agir à leur guise. La jeune Arménienne en profite pour reprendre des forces mais reste inquiète quant à son avenir. «Voilà deux ans et leur haine contre nous n’a pas eu le moindre apaisement. Nous sommes les orphelins de ce monde, sans patrie, sans foyer. […] Ô mon Dieu, quand mettras-tu fin à tous ces supplices ?» confie-t-elle dans son carnet.

     
    Comme tous les Arméniens qui avaient pu trouver refuge en France, Serpouhi n’avait plus de patrie. Ses papiers d’identité (ci-dessus), datant de 1958, portaient toujours la mention «apatride» et un fonctionnaire avait ajouté un «e» à son prénom. – © Collection Anny Romand

    Le déroulement de la guerre qui tourne en défaveur de l’empire est pourtant porteur d’espoir. Les Anglais et les Français progressent en Palestine. Sur le front du Caucase, la Révolution russe de 1917 arrête les combats. La prise du pouvoir par Lénine et la signature de la «paix honteuse», le 3 mai 1918, provoque le retrait des troupes russes. L’Empire ottoman capitule le 30 octobre 1918, à Moudros. Serpouhi a 25 ans et pratiquement toute sa famille a été anéantie dans le projet génocidaire des Jeunes-Turcs. Elle a survécu aux marches de la mort, à la faim, aux violences, mais elle a perdu son mari, sa fille Aïda, et elle ne sait pas ce qu’est devenu le petit Jiraïr qu’elle a dû abandonner dans l’espoir de le sauver.

     

    Le miracle a eu lieu : Serpouhi retrouve son fils, Jiraïr

    Fin 1918, à Batoum, en Géorgie, un homme se présente dans un orphelinat où sont rassemblés des dizaines d’enfants grecs et arméniens. Tous leurs parents ont péri dans les massacres. Ces enfants ont suivi les troupes russes qui se repliaient vers le Caucase. L’inconnu demande qu’on lui présente les garçons dont la taille peut laisser penser qu’ils sont âgés de 8 ou 9 ans. Une fois le tri effectué, il leur présente une photographie d’un couple, en leur demandant s’ils le reconnaissent. «C’est mon père, déclare un des garçons en désignant l’homme sur le cliché. Il joue du violon. Et là, c’est ma mère, Serpouhi, qui joue du piano.» Aussi extraordinaire que cela puisse paraître, c’est bien Jiraïr qui vient d’être retrouvé. «Quand ma grand-mère a appris que des centaines d’orphelins avaient suivi les Russes lors de leur repli vers le Caucase, elle s’est prise à espérer ardemment que son fils fasse partie de ces petits rescapés, nous explique aujourd’hui Anny Romand. Elle a contacté un de ses oncles qui vivait en Russie pour lui demander de se mettre à sa recherche. Et le miracle a eu lieu…» Jiraïr retrouve sa mère à Constantinople. Et c’est avec elle qu’il embarque le 19 février 1919, sur un bateau qui les conduit d’abord au Pirée, puis à Gênes, avant de gagner Marseille.

     

    Dans ses bagages, Serpouhi garde précieusement son petit carnet, témoignage de son épopée. Pourtant, après avoir rejoint les dizaines de milliers de réfugiés qui se sont installés à Paris, Marseille, Valence, Aix-en-Provence ou Décines-Charpieu, dans la banlieue de Lyon, elle ne l’évoquera jamais. «Ma grand-mère parlait tout le temps du génocide, poursuit Anny Romand. Quand j’étais petite fille, j’écoutais ses souvenirs comme si c’était des histoires de Barbe Bleue. Mais pour moi, ce n’était pas réel. Inexplicablement, elle n’a jamais mentionné l’existence de ce petit carnet…»

    Génocide arménien : le journal d’une survivante des “marches de la mort "

    Serpouhi, avec sa petite-fille Anny, à Marseille, dans les années 1960. – © Ed Alcock/Myop

    La comédienne a consacré un livre au journal de son aïeule, Ma grand-mère d’Arménie (éd. Michel de Maule, 2015). Elle a également confié le précieux document au Centre national de la mémoire arménienne, à Décines-Charpieu où vivent toujours de nombreux descendants de rescapés, facilement identifiables à la terminaison de leurs noms de famille en «ian» (qui signifie «fils de» en arménien). Une initiative qui a permis d’organiser, fin 2018, une exposition émouvante («L’Odyssée de Serpouhi Hovaghian»). Remarquable mise en perspective du parcours d’une femme qui, prise dans la tourmente de l’anéantissement planifié des Arméniens de l’Empire ottoman, a su trouver les ressources pour survivre.

    Source : Cyril Guinet pour Geo.fr


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  •  En France les spécialistes a faire l'autruche ...

    Par:Pieds Noirs 9A..

    Ne pas oublier les attentats

    En 2016, plusieurs femmes avaient tenté de faire sauter Notre-Dame avec des bonbonnes de gaz.

    En 1995, lors du détournement de l’avion Alger-Paris, les terroristes avaient prévu de projeter leur avion sur la Tour Eiffel.

    Ne pas oublier AZF de Toulouse 

    Du pain béni pour les conspirationnistes cet incendie, nous allons en prendre pour 20 ans au moins de théories fumeuses d'experts autoproclamés, appuyés par la méga force de leurs pensées par eux mêmes sans références et sans études....

    Pour notre Dame de Paris 

    Il y a bien un deuxième foyer latéral, et c'est le constat des pompiers.

    Icone

     Il faudrait donc tout de suite écarter la piste de l'incendie volontaire sans attendre les résultats de l'enquête ? Mais on ne peut s'empêcher de penser que si l'on écarte d'emblée cette piste c'est fausser l'enquête dont les conclusions n'auront que peu d'intérêt...

    Le Grand Débat a été pipé dès le début car on y a interdit de parler d'immigration. On nous referait le coup avec l'incendie de Notre Dame de Paris ?... Il est pourtant incontestablement suspect après avoir entendu les premières déclarations des uns et des autres. Et quand on sait la détermination de certains à détruire tout ce qui relève de la culture occidentale et chrétienne en particulier, on ne peut que s'interroger sur les circonstances de cet incendie. D'autant que l'Observatoire de la Christianophobie nous rappelle que de nombreux lieux de culte chrétiens sont détruits par des extrémistes un peu partout dans le monde. Alors, pourquoi Paris ne serait-il pas la suite logique de cette triste série ? Si l'opinion publique verse dans la théorie du complot ce n'est pas sans raison. Et si la sagesse demande d'attendre les conclusions de l'enquête, on se doute que celles-ci seront conformes aux codes de la bien-pensante imposés par l'UE... Circulez, ya rien à voir !  ...

     (((Lisez sur : https://fr.gatestoneinstitute.org/14080/europe-eglises-vandalisees-incendiees)))

    Depuis ce temps ,on entend procureur et membres du gouvernement, soutenus par une presse qui "répète", parler d'un incident qui mettrait évidemment en cause l'entreprise et sa filiale. Je voudrais mettre ici, un certain nombre de déclarations, dont certaines technique, qui excluent totalement la possibilité d'avoir, par un simple court-circuit électrique (d'ailleurs impossible, voir ci-dessous) totalement détruit les énormes sections de bois faites de chênes centenaires... Alors ? Donc impossible !...

    Deux jours après l'incendie de Notre-Dame de Paris, l'entreprise Le Bras répondait à la presse le mercredi après-midi. C'est elle qui devait assurer le chantier de rénovation de la flèche de la cathédrale. Sa filiale Europe Échafaudage a quant à elle monté la structure de 100 mètres de haut permettant ce chantier.

    Pour la première fois depuis l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, après les dizaines et dizaines de sollicitations de la presse régionale, nationale et même internationale, l'entreprise Le Bras Frères a tenu une conférence de presse le mercredi après-midi sur son site à Jarny. 
    "Nous avons une alimentation électrique pour le chantier et systématiquement, nous coupons l'alimentation en quittant le chantier". Julien Le Bras, représentant d'Europe Échafaudage, l'assure, il n'y a pas eu de défaillance humaine le soir de l'incendie.
    "Nous avons la ferme conviction que nous ne sommes pas liés à cet événement", rajoute-t-il. "Nous souhaitons collaborer afin de savoir ce qui s'est passé et pour que nous soyons mis hors de cause".

    "J'entends parler d'ascenseur", poursuit-il. "Il y avait une alimentation électrique bien entendu. L'ascenseur était distant de 7 ou 8 mètres de la cathédrale. L'alimentation électrique de l'ascenseur avait été contrôlé par un organisme agréé."
    "Le chantier se déroulait tout à fait normalement. Il a démarré il y a un an, les conditions de sécurité ont été respectées". 
    "J'ai essayé de déculpabiliser tout le monde", assure Julien Le Bras. "Il n y avait aucun travaux d'électricité ; nous étions en train de monter l'échafaudage."

    Le Bras Frères, c’est l’entreprise lorraine spécialisée dans les chantiers souvent très complexes de rénovation de monuments historiques. Ces restaurateurs de cathédrales sont tout récemment passés par Reims, mais aussi Verdun, Amiens, Poitiers, Strasbourg, Metz.
    C’est cette structure, toujours debout d’ailleurs, qui se retrouverait au cœur de l’enquête déclenchée, aux premières heures mardi 16 avril au lendemain de l’incendie qui a ravagé une bonne partie de la cathédrale.

    Les douze salariés d’Europe Échafaudages, filiale de Le Bras Frères, ont été entendus par la police judiciaire, chacun plusieurs fois. « Ils ont apporté tous les éléments nécessaires avec une vraie volonté de collaborer. Qu’on sache le plus rapidement possible ce qui s’est passé et qu’on soit mis hors de cause », affirme Julien Le Bras.

    Si le chantier de l’échafaudage n’est pas en cause, c’est le grand mystère. « Franchement, c’est dur à expliquer. Il n’y avait pas de travaux par points chauds ni travaux électriques. » Quelques personnes seulement s’attelaient au montage de l’échafaudage. « Le montage, c’est un marteau et une clé de 22 ! »

    Soudure, court-circuit électrique ? « Les gens parlent beaucoup sans savoir. Il n’y avait pas de soudure sur plomb comme j’ai pu l’entendre. Certains ont même parlé de soudure sur bois ! Quant à l’alimentation électrique, elle a été homologuée par un organisme agréé. Les ascenseurs étaient distincts de 7-8 mètres de la cathédrale. » En fin de chantier, comme le préconise une des multiples et draconiennes mesures de sécurité, les hommes ont coupé l’alimentation électrique propre au chantier, lumières et ascenseur. « L’armoire électrique est alors fermée à clé et la clé remise au concierge », a expliqué Marc Eskenazi, conseiller en cette période de crise. « Au moment du départ de l’incendie, plus aucun salarié n’était sur place », assure-t-il.

    Côté charpente, Julien Le Bras exprime la surprise de beaucoup de spécialistes : « il faut une vraie source de chaleur pour enflammer de telles sections de bois. » Alors le PDG s’interroge et n’exclut pas l’intrusion, le pari stupide. « Beaucoup de gens cherchent à monter en haut de Notre-Dame. »

    Voilà un an qu’Europe Échafaudage est à pied d’œuvre pour le montage de l’échafaudage de ce chantier hors norme. Plus de 600 tonnes d’acier – et non pas 250 comme nous l’avions estimé dans un précédent article –. Une structure monumentale, véritable forêt de tubes capable de s’élever à quelque cent mètres à hauteur de la flèche, mais sans jamais la toucher pour ne pas l’altérer. L’échafaudage dans les cas de restauration d’un monument historique, c’est une technicité hors norme. Précisément, Europe Échafaudage a acquis une réputation dans ce domaine. Notamment lors du chantier à Paris de la colonne Vendôme, il y a quelques années.

    Pour Notre-Dame, l’entreprise était dans les temps par rapport au calendrier imposé. Au rendez-vous, lorsque le 11 avril dernier, les douze apôtres et quatre évangélistes, statues de cuivre qui ornaient la flèche avaient été démontées. Une grue à 120 mètres de hauteur, les avait soigneusement déposées après les avoir fait danser dans le ciel sous les yeux médusés des Parisiens. Elles ont été envoyées dans un atelier de restauration à Marsac-sur-l’Isle en Dordogne. Les télévisions nationales étaient sur place pour immortaliser le moment devant de nombreux experts.

    Les travaux de restauration de la charpente, de la flèche et ses ornements de plombs, lots attribués à l’entreprise Le Bras n’avaient pas encore commencé.

    Les salariés Le Bras, si fiers de leur entreprise et son expertise, sont sonnés même si les chantiers suivent leurs cours. Ils ne croient pas en la faute, connaissent la rigueur exigée, n’osent imaginer ce que ressentent les douze collègues du chantier Notre-Dame. Ce devait être leur chantier emblématique, c’est devenu leur cauchemar. Du PDG à l’apprenti, c’est dur, peu imaginable lorsqu’on ne le vit pas.
    Heureusement, il y a les marques de soutien : le Louvre, Versailles – des ornements de la chapelle de Versailles sont actuellement dans les ateliers pour restauration –, la Drac de l’Île de France… « Clients, architectes, confrères et inconnus nous adressent leur soutien. Ça fait du bien. Beaucoup se disent étonnés car ils connaissent notre sérieux et notre rigueur », confie Julien Le Bras.
    À cela, se sont cumulées des dizaines, voire centaines de requêtes de la presse régionale, nationale et internationale. Insultes même de la part d’un journaliste américain éconduit. Il faut être solide pour supporter tout ça. Concernant la presse, pour ne pas être débordé et poser des limites tout en choisissant de communiquer, Julien Le Bras a décidé de ne s’adresser qu’aux médias régionaux.Je n'ai rien d'autre à ajouter...

    Qui mal y pense !

    Pieds Noirs 9A..


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    De plus en plus de dirigeants et subalternes de notre pays on une fâcheuse tendance à outrepasser leur pouvoir et les lois. Les français ne peuvent plus se laisser faire. Serge Petitdemange fait face à un préfet de police qui enjambe les lois sans aucune retenue. Le moment est venu de décortiquer ces nouvelles exactions devenues beaucoup trop courante, ces personnes "supérieures" mettant à profit l'ignorance du citoyen.


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  • 15 ans, violée dans le TER Marseille-Aix sans que personne n’intervienne !

    Elle est montée à Gardanne pour se rendre à Aix, soit 14 minutes de trajet dans un train très fréquenté.
    C’était mercredi, en début d’après-midi, quand les collégiens vont et viennent ; pas les premières heures de la nuit, encore moins celles où des passagers énervés et avinés rentrent au bercail. 

    Bref, le moment qu’on imagine le plus sûr de la journée, assez tranquille pour laisser une adolescente prendre le TER seule.
    Elle s’est fait violer. 
    Personne n’a bougé, n’a tenté d’empêcher son agresseur de perpétrer son crime, n’a même tiré le signal d’alarme ou appelé les trois agents de la police ferroviaire qui se trouvaient à bord du train.
    Qu’ont-ils fait, ceux qui se trouvaient à proximité du violeur et de sa victime ?
    Filmé la scène avec leur portable, peut-être, avant de balancer la scène sur les réseaux sociaux ?
    Accompagnée de sa famille, l’adolescente est allée le lendemain porter plainte à la gendarmerie. « Dans les heures qui ont suivi la plainte, la brigade de recherche d’Aix a exploité les images des caméras de surveillance du TER ainsi que des gares traversées, tandis que la rame était bloquée à Gap pour permettre de procéder à des relevés d’indices », rapporte La Provence
    Dans le même temps, « un dispositif de surveillance a été mis en place par la police en gare Saint-Charles, à Marseille, pour identifier le suspect filmé par les caméras du train », et bingo ! « Trahi par sa carte de métro, un jeune homme de 28 ans sera interpellé à Marseille par les policiers et les gendarmes. » 
    Il est, aujourd’hui, en détention provisoire.
    Au moins celui-là avait-il un titre de transport… chose assez rare, si l’on en croit les statistiques régionales sur le sujet. 
    Autre remarque : à 28 ans, on n’est plus un « jeune homme ». 
    Dans une société où l’on prétend vouloir donner le droit de vote à 16 ans compte tenu de l’extraordinaire intelligence politique de nos jeunes, on peut considérer que 28 ans est l’âge d’une maturité accomplie !
    L’affaire suscite l’émoi, nous dit-on. 
    C’est bien le moins. 
    Personnellement, je pense que qualifier cela de scandale serait plus juste.
    Scandale des passagers qui se gardent bien d’intervenir d’une quelconque façon. 
    Scandale des policiers du train qui, on le craint, ne servent à rien ! 
    Scandale des gadgets inutiles que sont les caméras – visionnables en direct ? – et dont les images ne sont exploitées qu’a posteriori
    Et scandale des syndicats qui, forcément, dénoncent les cadences infernales comme le manque d’effectifs et de moyens.
    Ainsi, le délégué Force ouvrière qui s’indigne : « On ne sait même plus ce qui se passe dans nos trains ! Notre direction ne nous a rien dit : c’est seulement par la gendarmerie, présente sur la ligne jeudi, que nous avons appris, choqués, cet acte gravissime », dit-il à La Provence
    Ah bon ! Dans mon vieux cerveau à la logique archaïque, il me semblait que c’était plutôt aux agents de sécurité de savoir : 1) ce qui se passe dans les rames qu’ils sont censés surveiller, 2) d’en informer la hiérarchie !
    Même son de cloche du délégué CGT qui dénonce « la suppression de l’humain, des contrôleurs systématiques »
    Et les trois agents, qui étaient dans ce même train quand l’adolescente s’est fait violer, ils jouaient à la belote ? 
    Le même s’emporte aussi contre les caméras – 14 dans le train en question ! – car « la vérité, c’est que personne ne regarde leurs images en direct »
    S’il n’y a, comme il le dit, qu’« un seul gars pour regarder 400 caméras » au PC de la gare Saint-Charles, à Marseille, c’est en effet une aberration, mais on avait cru comprendre que lesdites caméras étaient également consultable en temps réel dans le train, comme elles le sont dans les bus… 
    À vérifier.
    Ce vendredi matin, les syndicats ont déposé « un droit d’alerte », préambule, on le suppose, à un mouvement de grève… 

    Rien d’étonnant : quoi qu’il se passe dans ce pays, ça finit toujours par une grève. 

    Marie Delarue

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