• Sur le papier, il a tout bon. Tests de français, résidence depuis plus de 25 ans et travail en France, une jolie famille de 7 personnes, et la reconnaissance de la communauté. Mais la préfecture lui refuse la naturalisation.


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  • « Si je suis aux Restos du cœur, c’est parce que j’ai été mutilé par la police »

      
          Par Mathieu Molard 
     
    Mutilés par la police, ces Gilets jaunes ont perdu un œil, une main ou des dents.
     
    S’ajoute le traumatisme psychologique mais aussi souvent l’extrême précarité financière.
     
    Ils racontent leur quotidien entre arrêt-maladie, chômage et restos du coeur.
     
    Appart’ Hôtel de Montpellier (34) – La petite bande descend au compte-gouttes.
    Comme souvent, les moins jeunes sont les plus ponctuels.
    Assis sur les fauteuils du hall d’accueil, Alain et Yann sirotent un café-machine.
    Le petit dej’ est à 11 euros, trop cher pour eux. Vanessa s’est offert ce petit luxe.
    En douce, la blonde souriante multiplie les allers-retours entre la cantine et l’entrée pour ravitailler les copains.
    Les madeleines ont la cote !
    Puis elle exfiltre quelques cafés, avec la bienveillance du jeune homme à l’accueil.
     
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    Yann (à gauche) et Alain (à droite) sont avec quelqu'un qui fait n'importe quoi. / Crédits : Mathieu Molard
     
    Pour ce week-end qui rassemble les Gilets jaunes blessés, l’hôtel et les billets de train ont été financés par une cagnotte en ligne [disponible ici ].
    Mais les 1.000 euros et quelques, récoltés par leur collectif des Mutilés pour l’exemple, ne permettent pas de prendre en charge tous les repas.
    Alors ce week-end, certains se serrent la ceinture.
    « En plus, la semaine prochaine, je vais manger des pâtes », lance Alain en rigolant.
    Une manière pour l’ex-militaire de dédramatiser un quotidien pas bien rose depuis sa blessure à l’acte III des Gilets jaunes.
    Le 1er décembre 2018, il s’était posté sous l’Arc de triomphe en train de régler son appareil photo quand un tir de LBD l’a percuté à la carotide.

    Les restos du cœur, c’est le vendredi

    Depuis c’est la dégringolade.
    Il y a la douleur, la blessure qui s’infecte et surtout le traumatisme.
    « Aucun des mutilés que j’ai évalué n’échappe au syndrome de stress post-traumatique », explique Ève Richard.
    La psychologue montpelliéraine accompagne bénévolement ces Gilets jaunes mutilés.
    Pour Alain, ce sont des troubles du sommeil, des angoisses et des accès de colère « dès qu’on atteint à [sa] dignité », comme il dit.
    Un client qui le dépasse à la caisse du supermarché ou un automobiliste mal embouché peut lui faire « péter un plomb ».
    Il n’est pas en état de reprendre son taf auprès des enfants autistes, juge la médecine du travail.

    Les cinq ans qui le séparent de la retraite lui semblent interminables.
    « Je n’ai plus que les indemnités » pour vivre, mais toujours les crédits à rembourser.
    « Ça m’a foutu dans la mouise », soupire-t-il.
    Un euphémisme. Le bonhomme aux lunettes rectangulaires se nourrit grâce aux Restos du coeur.
    La distribution de colis alimentaires, c’est le vendredi aprem’ « à 15h pile ».
    Et l’avant-veille, il était déjà dans le train.
    Alors la semaine prochaine, ça sera régime :
    « Je veux dire aux gens que si j’en suis là, si je suis aux Restos du cœur, c’est parce que j’ai été blessé par la police. »
    Pas de chicots, pas de taf

    Yann, son acolyte de petit dej’, a lui aussi du mal à manger.
    Notamment parce que les policiers lui ont éclaté les chicots.
    Le Toulousain sortait du boulot quand il a croisé une manif nocturne de Gilets jaunes.
    « J’ai décidé de les suivre un petit peu. »
    Cinq minutes plus tard, la police charge le cortège, matraques au clair.
    Les coups pleuvent et Yann reste sur le carreau.
    « Je me suis réveillé plusieurs minutes après et j’étais tout seul. »
    Il est sévèrement touché : fracture de la mâchoire en haut et en bas, 11 dents ont sauté.

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    Dans l'appart' hôtel de Montpellier. / Crédits : Mathieu Molard

    Pas facile pour mastiquer, mais encore faut il avoir quelque chose à se mettre sous la dent.
    Et chez Yann [Sa cagnotte], le frigo n’est pas toujours très plein.
    Le gaillard à la barbe poivre et sel a plus de vingt ans d’expérience dans la restauration.
    « Jusque-là, je trouvais toujours du travail. »
    Mais désormais les patrons se montrent réticents et les contrats se font rares.
    « Financièrement c’est la merde », lâche-t-il.
    Pendant quatre mois, il a dû tenir avec 150 euros par mois.
    « Là, j’ai récupéré le RSA et quelques extras par-ci, par-là.
    » Pas assez pour se refaire le sourire : « C’est 18.000 euros à peu près. »
    Difficile dans ces conditions d’élever sereinement ses gamins de neuf et 12 ans.
    La gorge serrée, il raconte :
    « Cette année, il n’y a pas eu de Noël pour eux. Ça fait bizarre de le dire. Mais heureusement, mes enfants ne sont pas bêtes. Ils savent que c’est dur, qu’il faut attendre les soldes. »
    Un heureux événement

    10h15 environ.
    Sur le perron de l’hôtel, les mutilés grillent une cigarette, tout en pestant sur les retardataires.
    Un petit groupe se met finalement en route.
    À pied, direction La carmagnole.
    La maison coopérative accueille la conférence de presse du collectif des Mutilés pour l’exemple. Dylan et sa copine font le bref trajet en voiture.
    Mais la vieille guimbarde peine à démarrer.
    « C’est le carter qui est pété », explique Émilie.
    Son copain, cheveux impeccablement gominés, soulève le capot pour remettre un peu d’huile dans le moteur.
    Le véhicule ne démarre toujours pas.
    « Il y a un problème avec les bougies aussi. »
     Dylan s’apprête à pousser la voiture, quand finalement celle-ci se met en marche.

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    Dylan a 19 ans, il a été éborgné par une grenade de désencerclement. / Crédits : Mathieu Molard

    Le jeune couple (19 ans pour lui, 21 pour elle) habite dans un petit village à l’écart de Montpellier. Impossible donc de s’en sortir sans être motorisé.
    Mais une nouvelle voiture est largement au-dessus de leurs moyens.
    Éborgné par une grenade de désencerclement le 27 avril 2019, Dylan a dû abandonner son job de manutentionnaire.
    Après ses six mois d’arrêt maladie, il a repris en intérim mais les missions se font rares.
    Émilie a aussi lâché son taf, quelques jours après le drame.
    « Je ne tenais plus. »
    Depuis, à part un peu de ménage par-ci par-là, rien.
    Alors la voiture, « faut encore qu’elle tienne trois mois.
    Après mon père va nous en filer une », explique Dylan [Sa cagnotte].
    La nouvelle sera plus spacieuse que leur Golf.
    Une « familiale »… car ils attendent un heureux événement pour le début de l’été.
    Un sourire éclaire leurs visages quand ils évoquent le futur bébé.

    Dans la misère

    Finalement la voiture arrive à bon port.
    Les chaises sont déjà installées dans la petite salle de La Carmagnole.
    Dans un coin, Paul accroche ses portraits des mutilés.
    Depuis plusieurs mois, le jeune photographe accompagne discrètement le collectif.
    Ces photos, commencées en école, sont pour lui une manière de soutenir leur combat.
    Pendant ce temps, Dylan, Laurent et Ève suspendent sur le mur du fond une longue banderole sur laquelle sont imprimés les visages ensanglantés.
    Peu à peu, les journalistes, mais aussi des soutiens, prennent place face aux 12 mutilés.

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    Le collectif des Mutilés pour l’exemple a fait sa conférence de presse. / Crédits : Mathieu Molard

    Laurent, casquette beige vissée sur le crâne, ouvre la valse des témoignages.
    À l’acte VII, il a pris « un LBD dans la cuisse la matinée et un dans la tête l’après-midi ». Physiquement, ça va.
    Psychologiquement aussi, dit-il.
    Vanessa, assise à ses côtés, modère d’un mouvement de tête.
    Laurent se reprend, reconnaissant à demi-mot que tout n’est pas si simple.
    « On fait son solide, quoi. »
    Les récits s’enchaînent, difficilement soutenables : os fracturés, yeux détruits, main arrachée.
    Des vies en suspens.
    Et puis le sentiment d’injustice, avec ces procédures de l’IGPN qui n’aboutissent à rien.

    Kaïna, lunettes de soleil sur le visage, comme pour ne pas trop se dévoiler, prend la parole.
    « J’ai reçu un LBD le 29 décembre à la gare. Le même jour que Laurent et Yvan. »
    Son voisin de gauche, un ancien policier à la longue barbe grise, lui aussi blessé par un tir de LBD. « C’était la même charge. On ne faisait rien, on était pacifiques », explique-t-elle presque à voix basse.
    Elle en détaille les conséquences.
    Au fil du récit, le ton se fait plus ferme.
    « Ma vie a changé. »
    Ancienne responsable en boulangerie, elle a tout perdu ou presque.
    Son appartement et son travail :
    « Financièrement, on est au plus bas. Il y a des gens qui vivaient bien. Ils sont sortis pour les plus miséreux qu’eux et qui aujourd’hui sont dans la misère. Moi je suis sortie pour les SDF et aujourd’hui je suis SDF. Je ne dors pas dehors parce qu’il y a des gens qui m’hébergent. Mais j’ai 32 ans, j’ai toujours payé mes factures et un coup de flashball a tout détruit. »
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    Kaïna était responsable en boulangerie. Depuis sa mutilation, elle a perdu son appartement et son travail. / Crédits : Mathieu Molard

    Elle raconte aussi ses coups de blues ou la difficulté d’accepter la tendresse des autres.
    Même celle de ses propres enfants.
    Dans l’assistance, certains épongent discrètement une larme.


    Une affaire d’assurance

    12h45, la conférence de presse vient de se terminer.
    La petite bande n’a pas trop le temps de souffler.
    Dans à peine plus d’une heure, la marche doit partir du centre-ville.
    Il faut encore manger.
    Ça sera un sandwich acheté à la va-vite dans un supermarché.
    En grignotant son casse-dalle, assis sur les escaliers de la place de la Comédie, Antoine détaille sa situation.
    Il est, au départ, un peu hésitant.
    « Tu sais moi, l’argent ça va. J’ai eu beaucoup de chance. Il faut surtout parler des autres. »
    Le brun aux traits fins a eu la main arrachée par une grenade lacrymogène, la GLI-F4, le 8 décembre 2018 à Bordeaux.
    Ses frais médicaux et la prothèse ont été pris en charge par la sécu et l’assurance.
    « Je suis à la MAIF. “Assureur militant”, je croyais que c’était du bluff, mais ils ont fait le job », rigole-t-il (placement de produit non sponsorisé).
    La société a même pris en charge la perte de « potentiel salaire » à hauteur de 4.000 euros, car il devait signer un nouveau contrat d’animateur auprès de jeunes enfants.

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    Le groupe pose devant la gare. / Crédits : Mathieu Molard

    Antoine se marre souvent.
    Il est du genre à multiplier les vannes sur son handicap et à se ramener en manif grimé en capitaine crochet.
    Peut-être une manière de se protéger, ou simplement son caractère.
    Sa « chérie » elle-même ne sait pas toujours.
    Ensemble, ils vont de l’avant.
    Grâce à son indemnité de travailleur handicapé, Antoine a pu reprendre des études de géographie pour devenir « agent de développement local dans un quartier populaire ».
    Il touche 900 euros tous les mois, « ce n’est pas un smic. Après j’ai le soutien de la famille. Évidemment, je finis dans le rouge tous les mois mais je m’en sors ! »
    Il se refuse à faire une cagnotte.
    « Ceux qui me proposent, je les redirige vers d’autres qui en ont plus besoin. »

    Les indemnités qui tardent

    Vanessa est de ceux-là [Sa cagnotte].
    Sur la place centrale de Montpellier, la trentenaire passe d’un groupe à l’autre pour s’assurer que tout roule.
    Aider les autres semble parfois plus simple que prendre soin de soi-même.
    Avec 324 euros de la sécu et 200 euros d’APL, elle n’arrive plus à joindre les deux bouts.
    Sa demande de RSA est encore bloquée dans les méandres de l’administration.
    Sa reconnaissance de handicap aussi.

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    Vanessa a perdu son oeil. En mai, elle avait témoigné dans le documentaire de StreetPress : « Gilets jaunes, une répression d'État » / Crédits : DR

    Quant à la demande de FGTI (Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d’autres infractions), elle a été rejetée à deux reprises.
    « C’est pour les victimes qui ont au moins 30 jours d’ITT, moi je suis à 120 jours », soupire-t-elle. Elle demande 15.000 euros.
    Presque dérisoire pour tenir jusqu’à un éventuel procès qui n’arrivera pas de si tôt.
    Presque dérisoire quand on a perdu un oeil.
    En attendant c’est la solidarité qui lui permet de vivre :
    « J’ai une petite grand-mère qui m’a envoyé un petit mandat pour Noël. Pour être sûr que je puisse au moins avoir un bon repas pour les fêtes. C’est touchant mais en même temps ça fait mal. »
    15h. Dernière clope et en marche.
    Le cortège s’élance dans le centre-ville de Montpellier.
    « C’est réussi, non ? », interroge Mélanie [Sa cagnotte], un sourire en travers du visage.
    Elle est venue d’Amiens pour participer à ce week-end entre mutilés.
    Tout en avançant, elle tente d’estimer le nombre de participants. Quelques centaines à la louche.
    Les premiers slogans montent de la foule :
    « La police fait son travail, ça crève les yeux ! »
    Ils n’apparaissent pas dans le papier, mais ils ont également été mutilés et ont besoin d’un coup de pouce (cliquez sur les prénoms pour aller sur leurs cagnottes) :
    XavierFranckFlorianeSébastienDavid B.JérômeDavid D.Frédéric_

    Edit le 15/01 : Le collectif Désarmons-les! (très sérieux sur le sujet) a également lancé une cagnotte à destination des blessés par les armes de la police. C’est par ici.
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  • Pièces jaunes : l’hypocrisie du couple Macron


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  • Le Coral (1982) : la mère de toutes les affaires de pédocriminalité 

    « Un matin de juillet 1977, un garçon âgé de dix ans, Marc, pensionnaire du Coral, est retrouvé mort, la tête plongée dans un seau d’eau javellisée. Les gendarmes prennent aussitôt les dépositions des éducateurs et des enfants présents. M. Sigala et sa femme sont en voyage en Italie. M. Mignacca, coresponsable du centre, est également absent. Les témoignages concordent : il s’agit d’un accident. Mais une information est ouverte. Le juge d’instruction demande une expertise médicale. Elle prouve que l’enfant n’est pas mort noyé mais qu’il a eu les vertèbres cervicales cassées et qu’il a été sodomisé. » (Le Monde du 18 novembre 1982)


    Les années 70 sont propices aux expériences de toutes sortes. Mai 68, avec la mort symbolique du Père, est passé par là, avec sa poudre magique qui libère les corps, les esprits, les désirs, les interdits, tout ce qu’on croyait figé. Des individus, des collectifs prennent la tête de la radicalité, c’est à qui ira le plus loin en se basant sur des recherches théoriques de plus en plus osées et parfois délirantes. L’extrême gauche est à la pointe de toutes les expérimentations « culturelles ».


    Le FHAR a pour objectif de détruire le mariage et la famille


    En matière de soutien psychiatrique aux jeunes en difficulté, qu’ils soient délinquants, retardés, autistes, psychotiques, suicidaires ou drogués, une expérience de vie en « milieu ouvert » – l’inverse des milieux fermés, dits asilaires – fait florès. La période est à la nouveauté, à l’ouverture, au renversement des valeurs, l’antipsychiatrie remet en question le dogme de l’enfermement et de la punition. On « peut » soigner autrement ou du moins soulager ces mineurs en souffrance, au moyen d’une approche originale par des encadrants qui remplacent en quelque sorte « affectivement » les parents. Ce sera le Coral, un centre – pardon, un « lieu de vie » – imaginé en 1976 par le CRA, le Collectif réseau alternatif, avec à sa tête Claude Sigala, qui deviendra tristement célèbre.

    L’affaire commence le 13 octobre 1982 avec une perquisition de gendarmes dans le Coral situé à Aimargues, dans une vieille ferme du Gard. Rappelons que le Parti socialiste et François Mitterrand sont aux commandes du pays depuis un an et demi, nous sommes à la fin de la vague rose, celle de tous les enchantements, de tous les espoirs gauchistes et prolétaires. Le juge Michel Salzmann ouvre son instruction suite à la plainte de parents. Trois membres du Coral sont mis en examen pour « attentat à la pudeur sans violence sur mineurs de quinze ans et incitation de mineur à la débauche ». On ne parle pas encore de pédophilie. Sont visés le directeur, Claude Sigala, le psychiatre Alain Chiapello et l’éducateur Jean-Noël Bardy. Ce dernier reconnaîtra avoir eu des rapports sexuels avec des mineurs dans le cadre de sa nouvelle méthode « thérapeutique ».  
     
     
    Lieux de vie... et de vits
    Pourtant, cinq ans auparavant, un garçon de 11 ans est découvert mort au Coral, et l’enquête se perdra dans les limbes, malgré la constatation d’une pénétration anale et de vertèbres cervicales brisées ! À l’époque, un autre pensionnaire (mais pas un adulte...), considéré comme dément, est aussitôt suspecté. Il a 17 ans au moment de faits et dans le procès qui suivra, il bénéficiera d’un non-lieu. Pourtant, trois ans plus tard, c’est-à-dire en 1980, il est réintégré au Coral. Mais ce n’est pas tout. Un ex-animateur, un peu escroc sur les bords (falsification de chèques), se rendra spontanément chez les gendarmes pour témoigner de rapports sexuels plus ou moins consentis entre les jeunes pensionnaires et des adultes. Il donne des noms, des lieux, des dates, des circonstances.

    Le problème, c’est que les adultes abuseurs en question ne sont pas que des encadrants : il y a aussi des écrivains, des photographes, des journalistes, et des personnalités du monde politique. C’est la deuxième bombe de l’affaire du Coral, la mort du jeune garçon n’ayant pas véritablement ému la presse de l’époque. Maintenant que des personnalités (extérieures au Coral) sont dans la boucle, l’affaire devient politique. Parmi ces personnalités, sont cités Jack Lang, alors ministre de la Culture, Claude Sigala, déjà suspecté dans une affaire d’abus sexuels dans un centre marseillais, le juge pour enfants Jean-Pierre Rosenczveig, qui deviendra dans les années 90 le président du tribunal pour enfants de Bobigny, le philosophe René Schérer, qui a soutenu médiatiquement tous les pédophiles accusés dans les années 70, le psychothérapeute Léonide Kameneff, qui emmenait des enfants dans son école en bateau, et enfin Gabriel Matzneff, l’écrivain qui aime les jeunes filles. Ces noms sont cités, mais le magistrat se méfie : aucune preuve ne vient étayer la liste de noms, sinon des faisceaux de soupçons.

    Pour leur malheur, ces personnalités médiatiques sont de toutes les pétitions pour autoriser l’amour libre, notamment entre adultes et enfants, ce qui les place tout de suite sur la liste des accusés. Mais elles n’ont pas forcément été des « visiteurs » du Coral. La parole de Krief est mise en doute par les enquêteurs, qui se fient plutôt à celle des parents, qui sont au départ très réticents : pour eux, la méthode Sigala est moderne, humaine et efficace. Elle les soulage surtout de leurs enfants difficiles... Pour eux, les pensionnaires sont heureux au Coral. Les parents déchanteront vite, comme ceux des jeunes stagiaires de l’école Marie-Pantalon, celle de Font & Val à Villards-sur-Thônes en Haute-Savoie.

    Délinquant récidiviste arrêté à la suite d’une agression, Denis se voit proposer par un juge le choix entre la prison et un stage de réinsertion au Coral, « lieu de vie » pour jeunes psychotiques. Au Coral, Denis, mal dans sa peau, écorché vif et solitaire, vit d’abord douloureusement la promiscuité avec des personnes si différentes de lui. Peu à peu, les démarches d’approche malhabiles et sincères de ces jeunes vont l’amener à modifier son regard sur le monde. Pour la première fois il ne se trouve plus dans un rapport de survie ou de consommation mais se sent socialement et humainement utile. Au contact de leurs souffrances, de leurs jeux, de leurs larmes et de leurs rires, il va se révéler à lui-même, découvrir des sentiments inconnus et exprimer l’intense besoin de tendresse qu’il porte en lui. (lacid.org)
     
    Une fiction pro-Coral de 1995

    Le juge Salzmann, qui inculpe d’autres personnalités, subit les pressions de la presse et du lobby homosexuel, qui à l’époque n’est pas séparé du lobby pédophile, comme le prouve l’excellent ouvrage de Frédéric Martel Le Rose et le Noir. Car il y a un lobby pédophile : ce sont en partie les signataires de la lettre parue en 1977 dans Libération (voir plus bas), que le quotidien gauchiste traîne comme un boulet depuis quatre décennies. À noter que les policiers qui enquêtent sur le Coral ne se basent pas que sur les dires de Krief, ils suivent aussi les témoignages de parents conscients et, surtout, de la parole des enfants eux-mêmes, qui décrivent par le menu ce qu’ils ont subi. Par exemple, des photos sont prises au Coral entre adultes et enfants, et le photographe – René Auffrand – se fait poisser. On retrouve chez lui des milliers de clichés. Krief, s’il n’est pas fiable à 100 %, ne ment pas, ou pas toujours. Jean-Claude Krief
    Le procès aura lieu en 1986. Les principaux responsables sont condamnés à de la prison plus du sursis, mais toutes les peines seront réduites un an plus tard en appel, et personne ne passera la moindre année au trou. L’affaire s’arrêtera là. Le Coral reprendra ses activités. C’est la première grande affaire de pédophilie et de pédocriminalité française et elle est emblématique à plus d’un titre. D’abord, la presse, hormis celle d’extrême droite (Minute, Le Crapouillot), n’est pas trop allée fouiller du côté des accusés, qui appartenaient tous à la mouvance gauchiste, idéologiquement. De cette gauche qu’on n’appelait pas encore sociétale ou progressiste, ils étaient les chantres, la cheville ouvrière, celle qui ouvre les portes… pour les autres.

    Sigala, par exemple, transformera la charge du juge en harcèlement contre toute méthode alternative, en volonté de nuire à ses lieux de vie, en alignement sur la psychiatrie traditionnelle dite autoritaire. Pourtant, ce juge, un peu seul contre tous, n’a pas jugé l’antipsychiatrie, seulement les débordements de la méthode Sigala, qui avait l’heur de plaire à beaucoup d’adultes progressistes, comprendre amateurs d’enfants. Il sera bien sûr, comme pour le procès des pédophiles d’Outreau (1997-2000), question de la parole de l’enfant, de son authenticité, de sa crédibilité. Pourtant, les pédopsychiatres savent aujourd’hui décrypter la parole des enfants qui se disent abusés, ou qui le disent avec leurs mots. Cela ne s’invente pas. Dans cette affaire, qui lie le juridique au médical, au médiatique et au policier, la lucidité de certains ne sera pas entendue : l’époque n’était pas au conservatisme, au rétrograde, à la droite, tout simplement. Le commissaire principal Patrick Riou dira :

    « J’ai eu le sentiment d’avoir affaire à des soixante-huitards qui, sous prétexte qu’il est interdit d’interdire, refusaient de voir la réalité. »


    Voici ce qu’écrit Le Monde le 13 janvier 1986 :

    Patrick Riou est un consciencieux, un méthodique. Cet ancien chef adjoint de la brigade des stupéfiants et du proxénétisme distingue, devant les juges de la 10e chambre correctionnelle, quatre types d’adultes qui fréquentaient alors le Coral : les individus au-dessus de tout soupçon se consacrent avec une immense générosité à la rude tâche qui est la leur ; ceux mis en cause pour leur pédophilie par des enfants et des adultes et le reconnaissant plus ou moins ouvertement ; ceux, accusés par des enfants, « qui ne pouvaient ignorer ce qui se passait » : et ceux, enfin, pédophiles proclamés qui venaient passer des week-ends à Aimargues.

    Les adolescents présents au procès, mais enfants à l’époque des faits, témoignent :

    Ce fut alors un beau chahut, mais bref. Car si le policier dit ce qu’il avait à dire, ce fut bientôt au tour des adolescents de lancer contre leurs tourmenteurs d’hier leurs accusations. Didier, dix-neuf ans, âgé de treize à quinze ans au moment des faits, a raconté comment Jean-Noël Bardy, éducateur, « l’a enfilé » sous une tente. Lui et Norredine, quinze ans aujourd’hui, douze à l’époque, ont expliqué que Claude Sigala, responsable du Coral, a voulu « leur tirer des pelles ». Ils ont des phrases courtes. Leurs déclarations sont bourrées de points de suspension. Norredine raconte que Jean-Pierre Lanez, qui élevait des reptiles, s’était mis nu : « Il a voulu se frotter contre moi ». Son frère, Farid, affirme qu’il a dû quitter la tente de Bardy pour pouvoir dormir tranquillement. Pierre, dix-huit ans, quatorze à l’époque, explique que Lanez lui a proposé de coucher avec lui : « Je suis parti voir Sigala. Il m’a dit, ici, c’est normal ».
    Sigala a bondi. Ce fut le seul. Il avait prévenu au début de cette deuxième audience : « Je suis un bélier ». À chaque fois, il entame un dialogue qui tourne court : « Tu n’as plus de papa ni de maman. Il se peut qu’un jour tu aies senti de ma part un baiser plus bizarre que d’habitude. Moi, je ne me souviens pas. Par contre, je sais que je t’ai embrassé souvent comme un enfant ». Didier maintient sa déclaration.
    Avec Pierre, il s’énerve. Il lui rappelle qu’il l’a recueilli, fugueur, en déroute. « Je t’ai sorti de la merde ».
    Michel, quatorze ans à l’époque, l’un des principaux accusateurs, n’est pas là. La défense, conduite notamment par Mes Christian Charrière-Bourrazel et Jacques Vergès, proteste. Aurélien, cinq ans au moment des faits, accueilli au Coral après un séjour de huit mois en hôpital psychiatrique, n’est pas là non plus. Nouvelles protestations. Mais deux audiences sont prévues les 16 et 17 janvier prochains au cours desquelles ils témoigneront peut-être... Des quatre témoignages entendus, disons simplement, pour le moment, qu’ils apparaissent crédibles.

    À ces mots, Sigala explose. Il oscillera entre menaces et culpabilisation sur le mode « je t’ai sorti de la merde, c’est comme ça que tu me remercies ? », sans nier les contacts charnels, les baisers. On découvre alors, lors de l’interrogation des éducateurs, qu’ils nient la dangerosité des faits mais pas les faits eux-mêmes, en substance. Ils nient les viols ou les pénétrations, mais reconnaissent « les besoins réels de tendresse ». Chacun dit les choses à sa façon. Dans le tas des inculpés, il y a Gabriel Matzneff, qui sera blanchi de tout passage au Coral. En 1982, l’écrivain collaborait au Monde depuis cinq ans, à la demande du directeur Jacques Fauvet. Il s’insurge (il est défendu par Me Thierry Lévy) :

    « Naturellement, le lendemain, on a dit que j’étais hors de cause. Cela n’a pas empêché que j’ai été encore insulté et que certains ont pu écrire que, si je n’étais pas coupable, je pouvais l’être parce que j’étais l’auteur de tels poèmes ou de tels romans. »

    La défense de Me Lévy tiendra sur la personnalité de Krief, qui a dénoncé pêle-mêle l’écrivain Matzneff et le ministre Jack Lang. Ce dernier ne sera pas inquiété. En apparence.

    Affaire dans l’affaire, pour dire la pression de toute une gauche puissante qui s’exerçait sur le juge Salzmann, lorsque le directeur de la publication du périodique Le Feuilleton du Coral a été mis sous mandat de dépôt, la Fédération anarchiste a protesté en arguant que « la justice entend bien déstabiliser toutes les organisations et personnes qui œuvrent à éclairer l’opinion publique sur le véritable rôle pédagogique des lieux de vie et l’innocence des inculpés du Coral ». Il est vrai que Lapeyrie est aussi l’animateur du Comité d’action prison-justice, un des nombreux « comités » gauchistes calqués sur les comités révolutionnaires chinois. Mais l’anecdote du Feuilleton du Coral est plus qu’intéressante, elle va révéler des liens entre le Coral et le gouvernement.

    Extrait du Monde du 28 février 1983 :

    Dans ses cinq premiers numéros, ce Feuilleton, diffusé à plusieurs centaines d’exemplaires, a notamment mis en cause M. Jean-Pierre Rosenczveig, chargé de mission au secrétariat d’État chargé de la famille et ancien juge pour enfants au tribunal de Versailles.
    Dans le numéro 4, M. Sigala écrivait : « Le 12 septembre 1982 (à la veille de l’arrestation du responsable du Coral), j’ai eu Jean-Pierre au téléphone, qui m’a dit savoir que depuis une semaine se trame quelque chose autour du Coral, mais qu’il n’a pas pu m’appeler ! Que, de toute façon, il me soutiendrait et qu’il est lui-même impliqué ».
    Dans le numéro 6, on peut lire, sous le titre « Rosenczveig et le Coral », « Assez de faux-fuyants, Jean-Pierre Rosenczveig est l’exemple-type de l’empoisonnement dramatique du dossier du Coral. Il se tait ? Tant pis, nous parlerons pour lui ! Dans “l’Élite rose”, Jean-Pierre Rosenczveig est présenté comme un combattant anti-secret de la justice ? Aujourd’hui, par son silence, il se place comme notre adversaire ».

    Suite à cette mise en accusation directe, Georgina Dufoix, secrétaire d’État (socialiste) chargée de la famille, va tenter d’éteindre l’incendie en rappelant la moralité de l’État et les limites légales en matière de protection de l’enfance. Malheureusement, dans le numéro 4 du Feuilleton du Coral, il est question de Rosenczveig et d’une circulaire qui doit en quelque sorte entériner les « lieux de vie » et, plus important encore, leur procurer des subventions. L’affaire du Coral va tout arrêter. Rosenczveig était-il lobbyiste dans cette affaire, faisant le lien entre Sigala et le ministère ?

    L’affaire étant par définition politique, il faut couper le lien le plus tôt et le plus bas possible entre les enfants, les encadrants, Sigala, les visiteurs et le gouvernement. Le ou les coupables doivent être circonscrits dans le Coral. Il sera trouvé assez facilement, lors de la première affaire du Coral, et portera le chapeau sans trop de difficultés. Mais lors de la seconde affaire, il se révolte et refuse une seconde fois le rôle de coupable désigné.

    Un matin de juillet, on découvre le corps de Marc dans une des chambres du Coral. Il a la tête plongée dans un seau d’eau javellisée. On croit à l’accident, mais une expertise médicale démontrera qu’il a été sodomisé et qu’il a eu les vertèbres cervicales cassées. On soupçonne aussitôt Jean-Pierre, un pensionnaire à problèmes. Très vite, le juge d’instruction prononcera un non-lieu et le fera interner au titre de l’article 64 du code pénal à l’hôpital psychiatrique d’Uzès. Jean-Pierre Lanez y restera enfermé deux ans.

    Jean-Pierre Lanez, une personnalité plus que fragile (il est « sous » Haldol, un antipsychotique), comme Krief, est-il le vrai et le seul coupable ? Il ne le sait pas lui-même, voire le nie, d’après Le Monde du 22 janvier 1983 :

    « Je suis innocent de ce crime, je dormais quand Marc a été tué. Comment un enfant aurait-il pu tomber dans un seau à 2 mètres de la tête de mon lit sans le moindre bruit, sans faire aucune éclaboussure ? » Il cherche les preuves, dans des souvenirs, comme autant de sauvetages. « Pendant cinq ans, je me suis tu. Mais quand l’affaire du Coral a éclaté, j’ai eu peur de porter une fois encore le chapeau ». Il a donc pris son propre parti, la décision de trancher un lien qu’il ne s’explique plus. Il parle pour gagner des forces ; l’oubli, le pardon, sont devenus de trop grands risques pour lui-même.
    Il s’anime à retracer le plan des lieux : « Voyez, nous étions quatre dans cette chambre ». Il pose les questions qui, depuis ce jour, n’arrêtent pas de tourner dans sa tête : « Pourquoi n’a-t-on jamais retrouvé la culotte du petit ? Pourquoi, alors que je le demandais, n’ont-ils jamais analysé mon sperme ? Pourquoi les gendarmes, dès le premier interrogatoire, m’ont-ils fait lire deux fois à haute voix l’article 64 dans le code pénal ? Comment savaient-ils qu’à l’époque je n’allais pas bien ? J’étais déjà le coupable désigné ».

    Si Lanez dit vrai, comme Krief a dit globalement vrai (les enquêteurs ont recoupé ses dénonciations avec les témoignages d’enfants, et cela concordait), alors qui a violé et tué le petit Marc ? Lanez reconnaît avoir eu des rapports sexuels avec des enfants, mais ne se souvient pas d’avoir assassiné Marc. Ses deux ans passés en détention psychiatrique (à l’HP d’Uzès) ont-ils permis au vrai coupable de se couvrir ? Pour info, pendant l’éclatement de l’affaire Coral en 1982, Lanez choisira la cavale.

    L’affaire emblématique de toutes les affaires de pédocriminalité

    Dans cette affaire tentaculaire mais aux tentacules coupées, nous découvrons la structure de toutes les affaires de pédophilie ou de pédocriminalité qui suivront : l’extrême prudence des enquêteurs, l’option « non réseautaire » de la presse et son manque de travail d’enquête, la coupure des liens avec les hommes politiques, l’accusation de « complot » dans le cas de personnalités impliquées, le parti pris des « intellectuels » de gauche pour les victimes (attention, pas pour les enfants, ces affabulateurs, mais pour les encadrants et les « visiteurs » du centre), la douceur de la justice, dont le bras s’élève haut mais s’abaisse doucement, le tout finissant en non-lieux ou équivalents…

    Voici l’appel de François Chatelet, Gilles Deleuze, Jacques Derrida, Jean-Pierre Faye, Michel Foucault, Félix Guattari, Guy Hocquenghem et Jean-François Lyotard le 20 janvier 1983 :

    Des hommes, Claude Sigala, Jean-Noël Bardy, Roger Cortez, qui n’avaient jamais été condamnés auparavant, auxquels on ne reproche aucune violence sexuelle à l’encontre d’enfants, restent détenus. Une inculpation sans rapport avec le Coral, celle de René Schérer, mis en cause uniquement par un mythomane et un faux document, est maintenue. Les enquêteurs, si prolixes au début, restent sur leurs insinuations. La plainte déposée pour « faux en écritures publiques » reste sans effet.
    Une partie de la presse, à l’origine du scandale, est responsable de la tournure prise par l’enquête : « Ballets bleus, trafic d’enfants, réseau pédophilique, trafic de photos pornographiques prises au Coral », voire complicité d’assassinat et de viol : toutes ces incriminations, qui n’ont jamais existé dans la procédure judiciaire, n’ont jamais été rectifiées par cette même presse. Tout cela aboutit aujourd’hui à un dossier contesté, fondé seulement sur deux témoignages d’adolescents.
     
    C’est le moment de rappeler la pétition de la même élite culturelle diffusée en 1977 dans Libération :

    En janvier 1977, trois hommes comparaissent devant la cour d’assises de Versailles pour « attentats à la pudeur sans violence sur mineurs de moins de 15 ans ». Leurs trois années de détention préventive déclenchent une pétition relayée par Libération. Le texte ne laisse aucune place à l’ambiguïté. Une fois encore, il affirme que les enfants n’ont subi « aucune violence », qu’ils étaient « consentants ».
    « Si une fille de 13 ans a droit à la pilule, c’est pour quoi faire ? », demande la pétition. Le texte estime qu’il n’y a pas « crime » et que « trois ans pour des baisers et des caresses, ça suffit ».
    Qui signe ? Aragon, Bernard Kouchner, André Glucksmann, François Chatelet, Jack Lang et bien d’autres encore, de Félix Guattari à Patrice Chéreau ou Daniel Guérin. Un peu plus tard, une lettre ouverte à la commission de révision du code pénal exigeait que soient « abrogés ou profondément modifiés » les articles de loi concernant « le détournement de mineur », dans le sens « d’une reconnaissance du droit de l’enfant et de l’adolescent à entretenir des relations avec les personnes de son choix ».
    Qui signe ? Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Alain Robbe-Grillet, Françoise Dolto, Jacques Derrida. Interrogé aujourd’hui, Philippe Sollers, signataire lui aussi de cette supplique, ne se souvient pas. Mais il a une formidable phrase de ce temps : « Il y avait tellement de pétitions. On signait presque automatiquement. »

    De ce quarteron d’intellectuels malhonnêtes ou mal renseignés on retiendra le nom de Félix Guattari, célèbre psychanalyste et philosophe qu’on pourrait qualifier d’ultragauchiste. Dans une interview donnée à la revue Mise à pied (aujourd’hui disparue et introuvable), une publication homosexuelle, il tiendra des propos sans équivoque :

    « Je saisis la présente occasion pour réaffirmer mon entière solidarité avec les groupes du C.R.A., ma confiance et mon amitié à Claude Sigala. Je m’élève contre le maintien des inculpations et des détentions dans cette affaire. »  
    Marie et Claude Sigala
    Dans ce genre d’affaire, lorsqu’une personnalité politique est citée, aussitôt, une partie du système médiatico-politique crie au complot, au bouc émissaire sur le mode de Bruay-en-Artois (une jeune fille de milieu modeste avait été assassinée et toute la presse gauchiste, Libération en tête, sous la plume du maoïste Serge July – sous pseudo –, avait conclu à la culpabilité « politique » du notaire et de sa maîtresse, sans aucune preuve ni mobile. Les aveux d’un fils de mineur, mineur au moment des faits, serviront de second front à la presse d’extrême gauche. Celui qui s’était dénoncé à la police obtiendra finalement un non-lieu, malgré des aveux circonstanciés !). On retrouve dans les déclarations des pro-Coral ou des pro-pédophilie des éléments de langage très contemporains : par exemple, la Ligue trotskiste de France, qui voit « une machination politique » et un certain Bertrand Boulin, ex-animateur de l’association SOS enfants (!), qui lance :

    « Cette affaire est la plus grave pour la démocratie que nous ayons connue depuis Vichy. Des hommes à l’évidence innocents pourrissent en prison simplement pour être les victimes au centre d’un complot contre la liberté. »

    On n’est pas loin des « heures sombres » ! On notera ici que la présomption d’innocence s’exerce très facilement sur des membres de l’élite politique ou culturelle, pas sur les gens de peu, comme Lanez, aliéné de son état. Sa culpabilité a été expédiée en un rien de temps, et personne n’a pensé à chercher plus loin, ou plus haut. Même Lanez s’est en étonné…

    Moralité : quand on est puissant, toute mise en accusation est possiblement un complot (politique), donc un fantasme anti-élite, et quand on est impuissant (socialement), on est une victime de la société. Bref, il n’y aura pas vraiment de coupable définitif dans l’énorme affaire du Coral, qui présente pourtant des faits similaires avec un centre pour mineurs situé à Marseille. De plus, la politisation du débat permet d’éviter de répondre sur le terrain, glissant, de la pédocriminalité. On part d’enfants violés, dûment violés, avec séquelles physiques et psychologiques, témoignages précis, et on en arrive à un procès politique, celui des thérapies alternatives. Le cas des enfants là-dedans ? Disparu.

    Le Centre de formation des éducateurs de Charenton (94) résume cette défense de rupture :

    « Que l’affaire du Coral n’anéantisse pas des années de travail et de recherches dans le champ de l’enfance difficile, c’est aussi le vœu de l’Association française des magistrats de la jeunesse et de la famille. »

    Autrement dit, que ces quelques viols par des encadrants un peu trop affectueux et visiteurs de passage ne remettent pas en question toute cette recherche en sciences sociales sur l’enfant et sa sexualité, une sexualité en plein épanouissement car, voyez-vous, un enfant éveillé à sa sexualité est forcément plus heureux. Cela dépend de l’éveil…

    Même son de cloche à l’ANEJI, le mouvement d’action éducative spécialisé, qui joue sur la frontière floue des interdits (elle ne l’est pas du point de vue juridique) :

    Mais nous affirmons la nécessité des lieux de vie qui accueillent les jeunes perturbés et leur redonnent espoir. Et nous devons rappeler que le rôle des éducateurs dans de tels établissements est particulièrement difficile à assumer. Les « réseaux de vie », comme tous les centres d’hébergement de jeunes ne pouvant espérer mener une existence normale, sont le théâtre d’actions limites se situant en permanence à la frontière des interdits. Surviennent parfois des drames frappant les jeunes ou l’équipe d’encadrement qui a accepté de courir des risques certains, que d’autres ne voulaient pas ou ne pouvaient pas prendre.

    En quelque sorte, les viols sordides ne sont que des sorties de route dans une recherche du bien-être pour tous, des enfants aux encadrants en passant par la société toute entière, qui profitera de cette libération... Heureusement, ces encadrants n’auront de cesse de ne pas franchir la limité autorisée, même si les enfants sont demandeurs…

    La démarche de ces « non-institutions » est « fondée avant tout sur le désir de vivre ensemble » et aboutit à supprimer « la distanciation professionnelle des éducateurs d’institution ». « Ainsi, expliquent-ils, notre mode d’approche envers le jeune est-il beaucoup plus assimilable aux rapports que nous connaissons dans la structure familiale qu’à ceux du professionnalisme éducatif »« Notre implication dans la vie quotidienne avec les jeunes nous oblige à être d’autant plus clairs dans les limites que nous fixons dans la relation affective (...). La plupart des jeunes que nous accueillons, qu’ils soient psychotiques, ou délinquants, ou cas sociaux... ont toujours à la base de leurs problèmes l’affectivité (...). Ce qui nous semble important, indispensable, c’est que les permanents soient autonomes affectivement, qu’ils aient leurs propres vies affectives, et que le fait qu’ils accueillent des enfants ou adolescents ne soit pas pour eux un moyen de traiter leur affectivité, pour ne pas dire leur problématique ».

     
    Une affaires aux tentacules qui se perdent

    Pourtant, dans l’affaire du Coral se profilent d’autres affaires, aussi graves sinon plus graves. Elles sont de l’ordre du réseau commercial international. Les avocats des inculpés demanderont le dessaisissement du juge Sazlmann qui aura eu l’outrecuidance de laisser Krief, qui entre-temps se sera rétracté sur ses premières déclarations, puis rétracté sur sa rétractation, partir aux Pays-Bas pour rechercher la trace de photos pédophiles réalisées dans l’enceinte du Coral. Il reviendra bredouille, ceci justifiant la demande des défenseurs.

    Il accuse en effet le Coral d’être un lieu de rendez-vous pour les pédophiles et cite plusieurs personnalités, dont un chargé de mission dans un secrétariat d’État et un ministre en exercice. Mais M. Krief repère, sur des revues pornographiques que les policiers détiennent pour les besoins d’une enquête en cours sur un trafic international avec les Pays-Bas, plusieurs jeunes pensionnaires du Coral. Son attention est attirée par une photo d’adulte insérée dans le dossier. Il a vu cet homme, dont il ignore le nom, acheter dans un lieu de vie qui n’est pas le Coral des photographies d’enfants. Or, il s’agit d’un certain Whilelmus, d’origine néerlandaise, trafiquant international du « baby porno ».

    À partir de ce moment-là, le travail des policiers devient plus difficile. Ils ne peuvent retrouver la trace des enfants qu’ils veulent interroger et qui sont passés par le Coral ; leurs noms ne figurent sur aucun registre ; il est donc impossible de vérifier rapidement les accusations de M. Krief qui aurait reconnu certains d’entre eux dans les revues de Whilelmus.

    M. Auffrand, alias « Jorgensen », est à son tour placé en garde à vue. Les policiers ont saisi au siège de sa revue [Possible] environ deux mille photographies et le fichier des abonnés. Ils trouveront, quinze jours plus tard, parmi ces clichés, outre le portrait suggestif d’un adolescent nu du Coral, cinq photographies représentant M. Auffrand en compagnie d’un mineur dans des postures sans équivoque. »

    Comme pour le carnet du pasteur Doucé, il ne sera plus question de ce fichier des abonnés, qui restera dans les mains de la police.

    Krief établira un lien entre le Coral et Zandvoort sur la base de photos pornos réalisées au Coral

    Auffrand, balancé par Krief, n’a au départ aucun rapport avec Sigala. Puis les enquêteurs découvrent que Sigala et Auffrand sont en relation depuis 1976, Auffrand se chargeant de la rédaction des numéros du CRA qui parlent des lieux de vie de Sigala… Il s’agit tout simplement d’un réseau qui part d’un lieu de vie abritant des expériences sexuelles adultes-enfants et une exploitation commerciale de ces dérives.

    Quelles sont les autres affaires qui découlent de l’affaire du Coral ?

    D’abord, le Coral d’Aimargues dans le Gard est un lieu de vie, et le CRA (Collectif réseau alternative, donc bien un réseau) regroupe 34 de ces lieux, un réseau monté en six ans seulement. Si l’affaire n’avait pas éclaté, les bons contacts de Sigala au secrétariat d’État à la famille (!) lui auraient permis de sanctuariser son réseau et de toucher des subventions, pour s’agrandir encore. Un Sigala bien en cour, donc, qui a échoué à un pas du bonheur, lui qui annonçait tranquillement que « la loi s’arrête à ma porte », et on comprend bien pourquoi...

    « Notre point de vue est soutenu au ministère par des membres influents du cabinet de Mme Dufoix. Or Mme Dufoix devait signer le 25 octobre [12 jours après la révélation de l’affaire, NDLR] une circulaire allant plutôt dans le sens du CRA. »

    Il faut bien des complicités en haut lieu et dans la presse pour pouvoir tenir cinq ans sans anicroches, avec un enfant violé et retrouvé mort en 1977, des plaintes diffuses, des enfants qui parlent, des soupçons qui grandissent, des encadrants qui, se sentant dans l’impunité, ne cachent même plus leurs goûts dépravés… Un an avant le déclenchement de l’affaire, en 1981, les pratiques coraliennes (ou coralines, selon leur « propre » expression) pédophiles seront dénoncées lors d’une réunion des représentants des lieux d’accueil. Trois ans plus tôt, une directrice d’école expérimentale préférera retirer l’enfant qu’elle avait confié au Coral, selon Le Monde du 19 novembre 1982. Elle écrira au Coral :

    « Notre pratique quotidienne avec les communautés nous a fait connaître plusieurs accidents graves et une situation psychologique tout à fait néfaste aux psychotiques. Je suis donc à regret, très en retrait de ce qui se réalise en France de parfois totalement irresponsable sous l’égide du CRAP. »

    Le large réseau horizontal des lieux de vie de Sigala a tenu grâce à sa structure verticale qui remontait jusqu’à ce secrétariat d’État à la famille de Georgina Dufoix, qui ne souffrira pas de cette proximité dangereuse puisqu’elle passera ministre des Affaires sociales en 1984, excusez du peu, surtout pour une femme adepte d’un mouvement sectaire, « Invitation à la vie », mais déclaré comme tel dix ans plus tard.

    La presse de droite fera état des soupçons de pédophilie dans le Coral, mais celle de gauche relayera les pétitions et lettres des intellectuels progressistes, dont cette énième pétition adressée au chef de l’État :

    « On assiste, écrivaient-ils dans une pétition adressée le 25 octobre au président de la République, au développement d’une campagne d’insinuations, d’intimidations et de calomnies visant par cercles concentriques : le Coral, l’ensemble des lieux de vie alternatifs, les homosexuels et finalement la gauche tout entière. »

    Une façon très politique de demander l’absolution. Justice et police ont donc fait leur travail, malgré les embûches, en 1982, mais le réseau a tenu bon. Les déclarations de Krief, malgré son passé psychiatrique, ont été recoupées à la fois par des enfants et par des suspects, sur des faits qui remontent à 1978. Contactée à l’époque, « la direction de l’action sanitaire et sociale de l’Ardèche, [qui] s’était déclarée incompétente puisque le Coral est dans le Gard », peut-on lire dans Le Monde. En 1976 déjà, un éducateur « avait assisté à des caresses prodiguées par un adulte à un enfant. “C’était peut-être thérapeutique”, s’interroge-t-il aujourd’hui encore ».

    L’axe de la défense fondé sur des « calomnies » et des « rumeurs », ne tient pas devant l’avalanche et l’antériorité de faits recoupés. Mais les preuves absolues manquent (on n’en est pas encore à l’ADN), car tout repose sur la parole et les descriptions relativement floues d’enfants déjà en difficulté personnelle. Pourtant, Gilbert Mignacca, coresponsable du Coral et ami de Claude Sigala, reconnaîtra des « histoires » de « sexualité », et pas à demi-mot :

    « C’est vrai qu’on a eu plusieurs histoires comme celle-là sur la sexualité ou autre... » Il explique longuement la difficulté de la prise en charge d’enfants psychotiques, autistiques, d’anciens prostitués. « Ils sont souvent provocateurs, c’est du rentre-dedans permanent ». M. Mignacca met en doute les déclarations des enfants, dont l’un ne serait d’après lui qu’« un voleur » et l’autre, « un violeur ». Il détient, paraît-il, la preuve de leur mythomanie : un diagnostic établi par le docteur Jean Ponzetto, chef de l’inter-secteur de pédopsychiatrie du Gard. Mais le médecin, bien que favorable au Coral, pour avoir pendant des années défendu cette expérience sans constater rien d’anormal, affirme aujourd’hui ne jamais avoir porté un tel diagnostic.
    « Tout ce qu’a raconté M. [un des quatre enfants qui ont témoigné de manière précise, NDLR] avait un accent de vérité », assure Mme Correa ; et la mère de N. [l’autre enfant victime qui a parlé, NDLR], qui habite un quartier populaire d’Avignon, est tout aussi persuadée que son fils n’a pas menti. « Ici, dit-elle, N. commençait à se droguer à la colle, je n’arrivais plus à le tenir, alors je suis allée voir le juge des enfants, qui l’a placé au Coral. Je n’avais aucune raison de ne pas faire confiance au juge ».

    Le juge pour enfants savait-il les dérives déjà avérées du Coral ? La justice de l’époque, comme toujours, a dit le droit, pas forcément la vérité, même si elle a « entendu » les enfants. Pourtant, tout était écrit, de la main de Sigala lui-même.

    « Mais il reste les textes écrits bien avant que n’éclate l’affaire par M. Sigala et ses amis. Le CRA a publié plusieurs ouvrages : « La peste gagne le Grand Psy, Visiblement je vous aime, ou Hé !... Mouvances ». Dans ce dernier, on peut lire : « Parfois y naissent des rencontres pas évidentes pour tout le monde avec plus de spontanéité qu’ailleurs puisque notre société se montre plus répressive que tolérante dans ces eaux-là : jusqu’où l’affection, la tendresse, l’amour, entre un(e) adulte et un(e) enfant ?... Pour moi, tout est possible entre deux individus quel que soit l’âge ou le sexe ».
    Aujourd’hui, M. Mignacca ne se souvient plus de ce texte signé par un certain « Oscar ». « Il se peut, dit-il, qu’on ait écrit cela, mais c’était pour provoquer les fantasmes des lecteurs ».

    Cela n’empêchera pas Sigala d’intenter une action en référé contre Témoignage chrétien, la revue hebdomadaire qui a révélé l’affaire sur trois numéros.

    Sous un titre à la une « Le Coral : nous accusons », Témoignage Chrétien avait, dans un premier article, présenté des témoignages anonymes faisant état de pratiques pédophiles au « Coral ». La semaine suivante, l’hebdomadaire qui reprenait ses accusations contre le « Coral », citait des témoins mais ne publiait qu’une partie de la réponse des inculpés.

    Dernier point qui touche à la basse police, selon Le Canard enchaîné, les frères Krief (Michel et Jean-Claude) sont tous les deux des indicateurs des Renseignements généraux :

    Le rôle passablement trouble des frères Krief dans cette affaire est confirmé par Le Canard enchaîné qui, dans son numéro du 27 octobre [deux semaines après le scandale, NDLR], affirme que le premier, Jean-Claude, était un indicateur des Renseignements généraux parisiens. « Grâce à deux numéros de téléphone réservés aux indics des R.G., écrit l’hebdomadaire, Jean-Claude joignait, à la préfecture, son “contact”, prénommé “Pascal” et fournissait régulièrement des informations sur les milieux homosexuels parisiens qu’il fréquentait ». Quant à Michel, affirme l’hebdomadaire, « il avait ses entrées à la préfecture et s’était vu chargé d’espionner les milieux autonomes proches d’Action directe ».

    Doit-on comprendre, derrière ces « révélations » du Canard, que le fond de l’affaire est un coup des RG ou de la droite, le pouvoir socialiste de l’époque, soutenu par un Canard enchaîné qui a fait campagne active contre Giscard, considérant la police d’un mauvais œil ? Une manière d’éclabousser le gouvernement via l’axe Sigala-Rosenczveig-Dufoix, voire Lang, et de mouiller toute la gauche dans le scandale. Un coup politique basé sur des « on dit », comme l’affirme la défense. Schérer, balancé par Krief avec un faux procès-verbal, admettra pourtant des contacts avec Sigala :

    " Je n’ai jamais contesté avoir rencontré Jean-Claude Sigala, le directeur du Coral d’Aimargues, soit dans des colloques sur la pédopsychiatrie, soit au Coral même, à plusieurs reprises, où je n’ai toutefois jamais séjourné. Mais il s’agissait de rencontres entre intellectuels, entre deux écrivains.

    Cependant il soupçonnera Salzmann – là encore ça résonne avec aujourd’hui – de viser plus large et plus haut :

    « Ce que cherche le juge, je l’ai compris aujourd’hui, c’est à établir l’existence d’un réseau international de pédophilie. »

    Le point Godwin pour le philosophe :

    René Schérer, professeur de philosophie à Paris-VIII, inculpé, écrit dans le Monde du 22 octobre : « L’affaire du Coral n’est pas sans rapport avec le système adopté lors de l’affaire Dreyfus : “l’intellectuel pédophile” y prenant la place du juif. Malheureusement, il n’existe plus guère, à l’heure actuelle, parmi les intellectuels de Zola ».


    Et le mot de la fin à Claude Sigala, qui « pardonne » à Jean-Pierre Lanez qui, en s’enfuyant lors de l’enquête en 1982, concentrera une nouvelle fois les soupçons, au grand soulagement d’autres accusés potentiels. Fuyard ou pigeon ?

    « Je demande à Jean-Pierre de venir dire sa vérité à la justice, il n’y perdra rien. Nous l’aiderons. La vérité est révolutionnaire, plus elle est simple, plus elle est révolutionnaire. Rends-toi, Jean-Pierre, c’est le meilleur service que tu rendras au Coral (...) nous continuerons à t’aider comme je t’ai aidé pendant tes deux ans d’enfermement à l’hôpital psychiatrique d’Uzès quand tu étais enfermé dans le blockhaus des placements d’office. »

    Sauver des jeunes en souffrance de l’enfer(mement) asilaire pour les livrer à des prédateurs en milieu « ouvert », c’est tout l’objet de la parabole du petit oiseau, de la vache et du coyote...
    Source : https://www.egaliteetreconciliation.fr/Le-Coral-1982-la-mere-de-toutes-les-affaires-de-pedocriminalite-57776.html
     

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  • Simone de Beauvoir, symbole du féminisme, livrait des jeunes filles vierges à Jean-Paul Sartre

     
    Le documentaire de la chaîne HBO sur Michael Jackson prédateur sexuel a provoqué une vague d’horreur indignée et de désapprobations.

    Mais il y a une autre célébrité, plus éthérée celle-là, qui, elle, échappe à l’opprobre malgré tout ce qui a été révélé sur ces prédations sexuelles.

    Je parle de Simone de Beauvoir dont l’Université Concordia honore la mémoire.
    Son institut d’études féminines, qui porte son nom, se présente comme l’un des lieux les plus novateurs au Québec et au Canada pour l’étude du féminisme.

    Plusieurs livres et articles publiés depuis 20 ans font de Simone de Beauvoir la complice de son compagnon de vie, le philosophe Jean-Paul Sartre, dans ses agressions sexuelles sérielles sur des mineures.
    Avec un physique plutôt ingrat, Sartre, avait un appétit particulier pour les vierges que Simone de Beauvoir lui livrait après les avoir elle-même séduites.
    Elle les choisissait souvent parmi ses élèves.
    L'une d'entre elles, Bianca Lamblin, a décrit comment les deux dépravés ont abusé d’elle à l’âge de 16 ans dans son autobiographie intitulée Mémoires d'une jeune fille dérangée.
    C’est l’expression utilisée par Simone de Beauvoir pour la décrire avec un mépris hautain dans sa correspondance avec Sartre rendue publique après sa mort.
    Choquée et humiliée par la duplicité de l’égérie de Sartre à son endroit, elle a écrit : « J’ai découvert que Simone de Beauvoir puisait dans ses classes de jeunes filles une chair fraîche à laquelle elle goûtait avant de la refiler, ou faut-il dire plus grossièrement encore, de la rabattre sur Sartre. »
    Elle raconte que Sartre lui a déclaré en la déviergeant dans un hôtel miteux qu’il y avait pris le pucelage d’une autre fille la veille.

    Après l’invasion allemande en 1940, les deux complices d’agression sexuelle contre elle la fuient. Elle pense que c’est parce qu’elle est juive qu’ils ont déguerpi.
    Une autre victime du couple repoussant, Nathalie Sorokine, une lycéenne de 17 ans, fut elle aussi séduite par de Beauvoir pour le lit de Sartre.
    Ses parents ont porté plainte à la police.
    En 1943, de Beauvoir fut accusée de séduction de mineure.
    L’enquête criminelle n’ira nulle part.
    Mais Simone de Beauvoir perdra le droit d'enseigner en France.
    Elle trouvera un emploi à Radio-Vichy du gouvernement collaborationniste de Pétain.
    Sous le titre «The Philosophy Teacher and the Girl», The Philosophers' Magazine écrit que tout cela révèle que Simone de Beauvoir, la célèbre auteure du livre Le deuxième sexe, le texte fondateur du féminisme, était sous la domination de son amant Sartre.
    Le Magazine ajoute que dans ses lettres, on découvre à la fois sa jalousie des filles qu’elle lui fournissait ainsi que sa dépendance et sa soumission au philosophe.
    Elle est ainsi mortifiée par la passion que Sartre voue à Olga Kosakiewicz, une autre de ses étudiantes.
    De Beauvoir insiste qu'elle n'a « aucune intention de lui céder la position souveraine que j'avais toujours occupée, au centre même de l'univers [de Sartre]. »
    Ne pouvant posséder Olga, Sartre se rabattra sur sa jeune sœur Wanda avec qui il couchera
    Conséquents dans leur perversion, de Beauvoir et Sartre ont signé des pétitions en 1977 appelant à la dépénalisation de la pédophilie, dénonçant la condamnation de trois hommes pour avoir eu des relations sexuelles avec des enfants de 12 et 13 ans.
    J’ai contacté l’Institut Simone de Beauvoir et l’Université Concordia pour avoir leur réaction au sujet de ces révélations.
    Au nom de l’Institut Simone de Beauvoir, la professeure titulaire Viviane Namaste m’a écrit que: « L'Institut n'a pas pris position sur ces allégations, et ne les commente pas.»
    La Directrice des communications de l’Université Concordia, Mary-Jo Barr, de son côté, m’a déclaré dans un courriel: « C’est la première fois que ces allégations sont portées à notre connaissance. Nous allons suivre l’évolution du dossier.»
    L’Institut Simone de Beauvoir vient de fêter son 40anniversaire.
    Est-ce normal à l’ère du #MeToo qu’il porte encore le nom de Simone de Beauvoir après toutes les informations qui circulent depuis des années au sujet de ses prédations sexuelles contre des mineures?
    On a retiré le nom de Claude Jutra du prix honorant des cinéastes québécois à la demande de la ministre libérale Hélène David.
    La Cinémathèque québécoise a débaptisé sa salle Claude-Jutra.
    Et je ne pense pas qu’on donne un jour le nom de Gilbert Rozon à l’École nationale de l’humour.
    J’ai demandé en novembre dernier à Hélène David, maintenant porte-parole de l’opposition libérale en matière de condition féminine, si elle pensait que l’Institut Simone de Beauvoir devait changer de nom ?

    Je n’ai jamais eu de réponse.

    Normand Lester 

    journaldemontreal via lesobservateurs.ch

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