• votre commentaire
  • Peut être une image de 7 personnes, personnes debout et plein air


    votre commentaire
  • Peut être une image de texte qui dit ’Vu au Supermarché hier après midi. Une souris fait une crise cardiaque en voyant le prix du fromage!’


    votre commentaire
  • Embargo sur le pétrole russe : pourquoi les Français (et leurs voisins) seront les dindons de la farce

     

     Philippe Charlez 

    Plutôt qu’une mesure unilatérale sur le gaz, Bruxelles propose aux 27 un embargo « progressif et ordonné » sur le pétrole russe. 

    Renforcement des sanctions ou changement de stratégie ? 

    Comment interpréter cette nouvelle proposition de l’Union européenne que seules la Hongrie et la Slovaquie semblent pour l’instant refuser. Serait-elle plus efficace tout en pénalisant moins les Européens qu’un embargo sur le gaz ?

    Le pétrole et le gaz naturel sont deux énergies fossiles largement utilisées en Europe. Ils comptent pour plus de 60 % du mix énergétique européen : 38 % pour le pétrole, 23 % pour le gaz. Le pétrole est principalement utilisé dans les transports (92 % de l’énergie utilisée dans les transports est du pétrole), la pétrochimie et un peu pour le chauffage domestique. Le gaz, en revanche, est surtout présent dans le chauffage domestique, l’industrie et la production d’électricité.

    Voisins quant à leur composition chimique (ils sont, tous deux, composés d’hydrogène et de carbone, d’où leur nom d’« hydrocarbures »), le pétrole et le gaz naturel diffèrent profondément quant à leur transportabilité. Liquide, le pétrole se transporte aisément sur de longues distances par bateau, train, camion ou oléoduc. Le gaz, en revanche, se transporte uniquement à terre par gazoduc, sauf à être liquéfié. Refroidi à -162 °C, le gaz naturel liquéfié (GNL) peut alors, comme le pétrole, transiter par bateau (les fameux méthaniers !) sur tous les océans de la planète. La liquéfaction nécessite des installations lourdes et coûteuses pour liquéfier puis pour regazéifier le GNL. Aussi, le GNL représente des volumes limités comptant pour un peu plus de 10 % du marché mondial du gaz.

    Il y a donc une différence notoire entre les marchés du gaz et du pétrole : le pétrole est fongible et transite où il veut ; ça n’est le cas que pour 10 % du gaz. En transitant par gazoduc, le gaz est, en revanche, « attaché » au territoire qu’il traverse et lie de façon immuable le fournisseur et le client. Pour cette simple raison de transport, il existe un seul marché pétrolier supporté par des échanges mondiaux face à trois marchés gaziers (américain, européen et asiatique) répondant à des échanges régionaux. Ces caractéristiques rendent extrêmement différents les effets d’embargos gaziers ou pétroliers.

    Figés au territoire, les échanges par gazoduc reposent sur une relation mono-fournisseur/mono-client. Aussi un embargo gazier est-il par construction à la fois efficace et douloureux. Ainsi, l’embargo sur le gaz russe priverait Poutine de son juteux revenu gazier (pas de reroutage possible pour la Russie) mais, parallèlement, priverait les Européens d’une grande partie du gaz importé (pas d’approvisionnement massif possible).

    Contrairement aux routes gazières, les routes pétrolières sont physiquement flexibles et ne lient pas le fournisseur au consommateur. Ainsi une cargaison pétrolière peut-elle changer dix fois de propriétaire entre son point de chargement et sa destination finale. On dit souvent que le pétrole n’a « ni fournisseur ni client ». Le pétrole que nous n’achèterons plus aux Russes sera aisément rerouté vers la Chine et l’Inde. Membres, avec la Russie, de la méconnue Organisation de coopération de Shangaï et non solidaires des sanctions, ces deux nations sont aujourd’hui ravies de disposer de remises significatives et de flexibilité de paiement sur le pétrole russe.

    Réciproquement, ces derniers, achetant moins de pétrole au Moyen-Orient et en Afrique, libéreront des volumes pouvant aisément transiter vers l’Europe pour compenser le pétrole russe faisant défaut. Un jeu de « vases communicants » redistribuant les flux mondiaux à volume constant. Il ne sera pas vraiment douloureux, ni pour les Européens pouvant s’approvisionner ailleurs, ni pour les Russes écoulant leur pétrole ailleurs. Le reroutage étant principalement maritime, ce raisonnement peut toutefois tomber en défaut pour des pays ne possédant pas d’accès à la mer, comme la Hongrie et la Slovaquie, aujourd’hui dépendantes à 80 % de leurs importations de pétrole russe. On comprend donc aisément l’opposition frontale de ces deux pays d’Europe centrale à la décision de l’Union européenne.

    Même s’il se passe à volume constant, le reroutage des flux impactera le prix du transport dans la mesure où les nouvelles routes seront plus longues et différentes des anciennes. Suite à l’annonce tonitruante d’Ursula von der Leyen, les prix sont repartis à la hausse avec un Brent s’enchérissant de 7 %, en fin de semaine dernière.

    Embargo inefficace, renforcement de la coopération entre les pays de l’Organisation de coopération de Shangaï et augmentation du prix du pétrole brut. Une fois de plus, le citoyen européen risque d’être le dindon de la farce !


    votre commentaire
  • Embargo sur le pétrole russe : vers une nouvelle fracture européenne ?

    Clément Beaune, le secrétaire d’État aux Affaires européennes, l’a affirmé : la Russie subira un « sixième paquet de sanctions européennes », parmi lesquelles le controversé embargo sur les importations de pétrole russe. Une décision qui ne fait pas l’unanimité au sein des 27 pays membres de l’Union européenne, notamment à l’Est. La Hongrie, la Lituanie ou encore la Slovaquie s’opposent à une application trop rapide et sans concession d’un choix politique aux conséquences lourdes. L’expert en énergie Philippe Charlez rappelait, récemment, dans nos colonnes à quel point la dépendance énergétique des pays d’Europe de l’Est à la Russie les contraignait à tempérer la véhémence de Bruxelles vis-à-vis de Vladimir Poutine.

    Le spécialiste de l’Europe de l’Est Max-Erwann Gastineau, interrogé par Boulevard Voltaire, rappelle que le Premier ministre Hongrois Viktor Orbán tire sa légitimité électorale de sa défense des intérêts du peuple hongrois, quitte à engager de nombreux bras de fer avec l’Union européenne. Ce fut le cas à propos de la politique de répartition migratoire souhaitée par Bruxelles. Pour le gouvernement hongrois, imposer un embargo sur le pétrole russe dans les conditions actuelles serait « inacceptable ». Depuis le début de la guerre en Ukraine, Viktor Orbán s’efforce de maintenir un dialogue courtois avec le président Poutine et refuse d’engager trop son pays dans une guerre qui, dit-il, « n’est pas la nôtre ». Le rapprochement économique opéré entre la Hongrie et la Russie depuis les années 2010 et l’accession au pouvoir d’Orbán ne sont évidemment pas étrangers à une telle volonté. C’est d’ailleurs là, comme le rappelle Max-Erwann Gastineau, « une dissension réelle entre la Hongrie et la Pologne, deux pays qui, en temps normal, sont très souvent en accord sur leurs politiques intérieures et extérieures ». Il est vrai que la Pologne, pour d’évidentes raisons historiques, est particulièrement hostile à la Russie de Poutine et très active dans son soutien au gouvernement ukrainien de Zelensky, là où la Hongrie fait preuve de plus de nuances.

    Le gouvernement hongrois, donc, en l’état actuel des choses, refuse de s’engager en faveur d’un embargo généralisé sur le pétrole russe. Afin de mieux comprendre ses motivations, Boulevard Voltaire a interrogé Balázs Hidvéghi, député européen rattaché au Fidezs, le parti politique de Viktor Orbán. « Cet embargo, c’est une ligne rouge pour nous, explique-t-il. On ne peut pas arrêter le fonctionnement de notre économie et payer un prix aussi dur ! Cette décision sera bien plus terrible pour nous que pour les Russes. »

    À la question de savoir si cette nouvelle dissension entre Bruxelles et Budapest aura des conséquences sur les relations UE-Hongrie, Balázs Hidvéghi répond : « Si Bruxelles veut que l’on reste unis, il faut tenir compte des différentes situations géographiques, industrielles et économiques du monde européen. […] Nous avons investi des milliards d’euros dans la construction d’un pipeline avec la Russie, nous ne pouvons pas tout faire disparaître comme ça, en quelques mois comme en quelques années. »

    Si l’Union européenne, avec Ursula von der Leyen, qui s’est rendue, lundi 9 mai, à Budapest pour rencontrer Orbán, promet d’accorder des délais plus longs pour les pays les plus dépendants, pouvant s’étendre jusqu’à 2025, la Hongrie sera intransigeante. « La sécurité énergétique doit être une condition pour d’éventuelles négociations, que nous sommes prêts à mener », assure Balázs Hidvéghi. « Il est toujours bon de diversifier nos apports énergétiques, mais Bruxelles doit garantir qu’elle financera des projets d’oléoducs gaziers ou pétroliers ou bien un accès prioritaires aux livraisons de GNL » (gaz liquéfié, en provenance des États-Unis notamment.)

    La volonté de l’Union européenne à vouloir sanctionner toujours plus la Russie trouve, in fine, des obstacles au sein même de l’Europe. Le fraîchement réélu Emmanuel Macron, qui ne cache pas sa vision d'une Europe quasi fédérale, devra, s’il veut aller au bout de son projet, composer avec les particularités économiques et politiques de chaque pays, et notamment de ceux dont les intérêts divergent avec Bruxelles, comme c’est le cas de plusieurs nations d’Europe de l’Est. La question de l’embargo sur le pétrole russe, à peine annoncé, fracture déjà une Union plus fragile que jamais. Les prochaines années diront si les visions fédéralistes de Macron et de von der Leyen ont ou non un avenir.

    Geoffroy Antoine

    Source : http://bvoltaire.fr


    votre commentaire