Dans l’émission « Zone interdite » diffusée sur M6, dimanche soir, l’épisode qui a fait le plus grand bruit est sans doute celui des poupées dépourvues de visage vendues par une boutique de Roubaix. « Parce que c’est Allah qui crée et qu’il est donc interdit de représenter des humains », explique la vendeuse.
Un étonnement qui peut… étonner. Il suffit de taper « poupée sans visage », sur Internet pour constater qu'un certain nombre de sites - en français et domiciliés en France - en commercialisent tout un éventail, depuis plusieurs années, sans que cela semble émouvoir grand monde : Muslimshop, marque déposée par la société Neodya, sise à Brech dans le Morbihan, propose notamment un modèle nommé « Zainab ». Easydin, dont le siège social est à Courcouronnes (Essonne), les présente dans son rayon enfants, à côté d’abayas dont les tailles disponibles vont de de 2 à 12 ans. « On s’est tous posé cette question fatidique : avec ou sans visage, permis ou pas permis ? Soyez sereins car aujourd’hui la question ne se pose plus. Avec la vulgarisation d’Internet, les poupées sans visage sont à la portée de toutes et de tous. On les trouve aussi bien dans les boutiques musulmanes en ville qu’en ligne », peut-on lire sur le site islam-oumma.fr. « Les poupées sans visage connaissent un réel succès auprès de notre communauté. Il existe des modèles importés d’Arabie, ou des pays du Golfe, tout prêts, tout faits. Mais on assiste également à une demande de poupées artisanales. En effet, de plus en plus de sœurs proposent leur services sur le Net. Selon vos critères, elles confectionnent des poupées sans visage en totale adéquation avec nos principes religieux. »
Si la séquence a provoqué des remous sur les réseaux sociaux, à gauche, en revanche, calme plat. Côté écolo, c’est le minimum syndical de la réprobation : « J’espère qu'elles auront des crayons et des feutres pour dessiner des visages dessus et pour s'émanciper de cela », a commenté, avec son ton candide et un tantinet exalté de couventine du XIXe, l’écologiste Sandrine Rousseau dans le « Grand Oral des GGMO ». Sortir les crayons est un vieux réflexe de gauche pour se prémunir contre le risque islamiste, une sorte de grigri magique initié pour conjurer les peurs au moment de Charlie, avec l’efficacité que l’on sait. Dans la même veine, celles qui portent un hijab pourront aussi se dessiner quelques mèches, par ci par-là, en guise d’émancipation, ce sera toujours ça. Avec les feutres, on fait des miracles.