Accident de Millas. La conductrice du car scolaire prenait un médicament contre l’insomnie
L'accident entre un car scolaire et un TER à Millas le 14 décembre 2017, a provoqué la mort de six collégiens.
L’enquête sur l’accident de car qui a tué sept collégiens progresse et semble s’orienter vers une responsabilité de la conductrice. Franceinfo révèle ce vendredi que cette dernière prenait depuis sept ans un médicament contre l’insomnie vivement déconseillée aux personnes qui conduisent. Elle aurait pu se trouver sous les effets secondaires de ce médicament lors de l’accident.
De nouveaux éléments dans l’affaire du drame de Millas (Pyrénées-Orientales) pourraient permettre de comprendre comment, alors que tout indique que la barrière du passage à niveau était fermée et que le conducteur du TER impliqué dans l’accident a klaxonné plusieurs fois, le car scolaire fauché a pu s’engager sur le chemin de fer.
Franceinfo révèle ce vendredi que la conductrice du car, dont la responsabilité est envisagée par l’enquête, prenait depuis sept ans un médicament contre l’insomnie. L’accident, survenu en décembre 2017 à Millas, a coûté la vie à sept collégiens, en a blessé beaucoup d’autres et a laissé cette petite commune des Pyrénées-Orientales sous le choc.
L’Imovane, un hypnotique aux dangereux effets secondaires
C’est le laboratoire Sanofi qui, visé par des réquisitions judiciaires de la juge d’instruction du pôle « accidents collectifs » de Marseille, a envoyé en novembre des détails sur le médicament, fabriqué par le laboratoire, que prenait la conductrice, l’Imovane. Cet hypnotique « comporte un pictogramme rouge de niveau 3 considéré comme le niveau le plus élevé et équivalent à une interdiction de conduire », explique le laboratoire, photo à l’appui. Au-dessous du triangle rouge entourant une voiture, un avertissement : « Attention danger : ne pas conduire ! »
Dans sa réponse, citée par Franceinfo, Sanofi précise par ailleurs que l’Imovane « peut influencer de façon conséquente l’aptitude à conduire, avec des risques possibles de somnolence, un allongement du temps de réaction et la diminution de la vigilance, particulièrement pendant les douze heures suivant la prise du médicament ».
Parmi les autres effets secondaires, « une conduite automatique avec amnésie post événementiel ».
Du « pilotage automatique » au drame de Millas
La prise de ce médicament pourrait donc expliquer pourquoi, malgré la barrière baissée du passage à niveau et les coups de klaxon du conducteur du TER, la conductrice n’avait réagi que par un coup de frein tardif, l’enquête ayant déjà révélé qu’elle semblait avoir été comme en « pilotage automatique » durant les 90 secondes précédant l’accident.
Les avocats des familles des victimes ont annoncé leur intention de demander au parquet un réquisitoire supplétif afin d’interroger le médecin de la conductrice, à la lumière de ces nouveaux éléments. Ce dernier aurait continué à lui prescrire, pendant 2 ans, le médicament quand la notice de Sanofi précise que le traitement ne doit jamais durer plus de quatre semaines.
Si la responsabilité de la SNCF dans cet accident a été exclue par plusieurs témoins et par les expertises techniques, la conductrice du car a, quant à elle, été mise en examen pour « homicides et blessures involontaires ».