• Kits de campagne : des élus FN accusent leur parti de "magouille"

    Kits de campagne : des élus FN accusent leur parti de "magouille"

    Plusieurs conseillers municipaux du Nord dénoncent les méthodes utilisées par le Front national lors des élections départementales de mars.

    Kits de campagne : des élus FN accusent leur parti de "magouille"

    Ils viennent alourdir un fardeau judiciaire qui commence à sérieusement peser sur le Front national. Plusieurs conseillers municipaux frontistes du Nord, écartés des listes pour les élections régionales, dénoncent les méthodes employées par leur parti pour financer ses campagnes, comme le signale La Voix du Nord. Des témoignages qui viennent éclairer concrètement le fameux système des kits de campagne, pour lequel le FN a été mis en examen en septembre pour « recel d’abus de biens sociaux et complicité d’escroquerie ».

    Francis Boudrenghien, artisan de 61 ans, élu FN au conseil municipal d’Anzin, était candidat aux élections départementales de mars. « Tout candidat devait partir avec un kit de campagne obligatoire. Ils m’ont aussi obligé à prendre 300 affiches supplémentaires, alors que je n’en avais pas besoin », explique-t-il à Marianne. « Pourtant, j’avais un imprimeur ici qui avait besoin de travail, et il était beaucoup moins cher ». Francis Boudrenghien a aussi dû contracter un prêt à son nom, de manière toujours « obligatoire » selon lui.

    L’affaire pour laquelle le FN est dans le collimateur de la justice concerne des pratiques similaires, employées lors des législatives de 2012. Le système, très rôdé, est le suivant. Acte 1 : Jeanne, le micro-parti du FN, prête au candidat une somme destinée à financer sa campagne, avec un taux d’intérêt à 6,5%. Acte 2 : avec cette somme, le candidat doit acheter à Jeanne un kit de campagne (affiches, tracts…) confectionné par la société Riwal, dirigée par un proche de Marine Le Pen. L’argent revient donc dans les caisses du micro-parti frontiste. Acte 3 : après la campagne, le candidat se fait rembourser par l’Etat ses dépenses, c’est à dire le prêt majoré des intérêts, qu’il peut ainsi rembourser à son tour à Jeanne. Au final, le micro-parti du FN enregistre un bénéfice. Pour le parti, qui dénonce un« acharnement » judiciaire, ce système est parfaitement légal. Ce n’est pas l’avis des juges, qui le soupçonnent d’avoir détourné 10 millions d’euros d’argent public.

    « CE N’ÉTAIT PAS COMME ÇA SOUS JEAN-MARIE LE PEN »

    « Au début, je n’ai pas cherché à comprendre, mais c’est après qu’on réalise qu’il se passe quelque chose », poursuit Francis Boudrenghien. Pour lui, « c’est de la magouille ! » Mais pourquoi l’élu a-t-il attendu tant de mois pour s’en plaindre ? « Après les départementales, j’ai écrit à Marine Le Pen avec accusé de réception, elle ne m’a jamais répondu », assure-t-il. Pour lui qui milite dans les rangs frontistes depuis 1995, jamais de telles pratiques n’auraient eu cours dans le FN « d’avant ». « C’est la première fois que l’on m’oblige à faire ça. Ce n’était pas comme ça sous Jean-Marie Le Pen », insiste-t-il.

    Jean-Luc François Laurent, conseiller municipal FN à Valenciennes, mais écarté des listes pour les régionales, s’est lui aussi plaint de ce système. Tout comme Bruno Wolinski, conseiller municipal de Sin-Le-Noble. Ils mettent en cause le patron du FN local, Guy Cannie, secrétaire départemental du parti.

    L'UN DES CANDIDATS AVAIT RELAYÉ UN TEXTE RACISTE SUR FACEBOOK

    Contacté par Marianne, celui-ci met ces propos sur le compte de l’amertume des deux élus, pas retenus pour le scrutin de décembre. « M. Boudrenghien a été suspendu l’année dernière par Marine Le Pen et la commission des conflits. Il ne pouvait donc pas prétendre à être candidat », explique-t-il. Une suspension que confirme l’intéressé. En octobre 2014, Francis Boudrenghien a relayé sur son compte Facebook un texte clairement raciste, avançant notamment que « le niquetamère est un animal en provenance du Maghreb »… Il n’en est pas l’auteur et le trouvait d’ailleurs « plutôt rigolo », nous dit-il, même si cet humoriste douteux admet une« connerie ». Quant à Jean-Luc François Laurent, il n’aurait tout simplement pas fait suffisamment ses preuves pour être candidat, poursuit Guy Cannie : « Il a été chef de file pour les municipales de 2014 à Valenciennes, où il n’a pas obtenu un score très élevé. »

    Pour le secrétaire départemental, cette affaire n’a donc « aucune importance ». En revanche, concernant la pratique des kits de campagne, il renvoie vers la direction du FN : « j’ai suivi les directives de Paris ». Paris où l’enquête judiciaire suit son cours. Le 13 octobre, Marine Le Pen ne s’est pas rendue à une convocation des juges en charge de l’affaire. Le FN a déposé une requête en suspicion légitime auprès de la Cour de cassation, voyant la main du cabinet de Christiane Taubira derrière cette enquête, comme l’a rapporté Le Figaro. Ou comment politiser une affaire qui pourrait embarrasser les dirigeants du FN, toujours prompts à mettre en cause la probité des autres partis.

    source Marianne


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