• Carl Lang : ses différences avec le FN

    Carl Lang : ses différences avec le FN

    Le samedi 3 mars à Paris, Carl Lang, candidat de la « droite nationale » à l’élection présidentielle, annonçait qu’il ne disposait que de 380 signatures d’élus sur les 500 nécessaires. Ce vendredi 16 mars, il a officiellement jeté l’éponge. Qui est donc ce candidat ? Quelle est donc cette « droite nationale » qui ne se reconnait plus dans le Front National ?
    SEPARATION FONDATRICE D’AVEC LE FN
    La campagne de Carl Lang – dont les grands médias ont peu parlé, mais qui a été largement relayée par l’hebdomadaire Rivarol- s’est caractérisée par une virulence à l’encontre du nouveau Front National et de Marine Le Pen. Ce qui lui est reproché ? C’est la dédiabolisation, la rupture avec le FN canal historique. Le discours sur la laïcité, la république irréprochable, les références aux droits de l’homme, à 1789, n’ont pas plu à tous. Certains avaient déjà quitté le FN avant l’arrivée de Marine Le Pen (comme Carl Lang). D’autres, qui avaient soutenu Bruno Gollnisch durant la campagne interne pour la présidence du parti, l’ont quitté depuis, ou ont été exclus, rejoignant par la suite d’autres mouvements.
    De ce rejet du nouveau FN est née l’idée d’une nouvelle candidature, pour porter les « vraies » idées de la droite nationale : celle de Carl Lang, avec l’étiquette de l’ « Union de la Droite Nationale » (UDN). Cette Union regroupe le Parti de la France (PdF) de Carl Lang, mais aussi le Mouvement National et Républicain (MNR, scission mégretiste), ou encore la Nouvelle Droite Populaire (NDP), et cette Union est soutenue par d’autres plus petits partis ou mouvements.
    LIGNE PLUS RADICALE
    Ce regroupement est assez hétéroclite et le discours en est donc un peu flou. On pourrait s’attendre à un discours uniquement centré sur la France, mais l’Europe (certes pas celle de Bruxelles) joue un rôle important dans le programme. Sur beaucoup de points, la ligne est beaucoup plus radicale que celle du FN. La laïcité est qualifiée de « cheval de Troie de l’islamisation » et doit être remplacée par un lien privilégié avec l’Eglise Catholique. La baisse progressive de l’immigration (jusque 10.000 entrées par an) du programme de Marine Le Pen est remplacée dans le programme de Carl Lang par l’inversion des flux migratoires (c’est-à-dire le retour au pays des populations étrangères). L’enjeu principal de la campagne de l’Union de la Droite Nationale est un enjeu de civilisation, et elle entend défendre l’identité française et européenne. L’Europe de Carl Lang est celle fondée sur ses racines chrétiennes, et non celle des « technocrates de Bruxelles ».
    Si l’Europe libérale est rejetée, le programme de l’UDN est plutôt libéral, prônant par exemple la baisse des prélèvements obligatoires, ou en voulant favoriser l’entrepreneur individuel, mais ce discours libéral est tempéré par des mesures protectionnistes. Le programme économique n’a rien à voir avec l’ « étatisme », et le « collectivisme » de Marine Le Pen. De même, Marine Le Pen parle de sortie de l’euro, concertée si possible, mais si cela ne l’est pas, la France seule. Carl Lang, lui, parle d’une sortie de l’euro concertée, sinon rien.
    ANTI ISLAMISME ET ANTISIONISME
    Les lignes deviennent assez floues en matière de rapports avec l’anti-islamisme et l’antisionisme. Généralement, la « Nouvelle droite » européenne (le FPÖ en Autriche, le PVV aux Pays-Bas, etc.) se caractérise plutôt par une lutte contre l’islamisation, et elle a mis l’antisionisme au placard. Le Front National lui aussi a placé sa critique surtout sur le terrain des atteintes faites à la laïcité par l’islamisme. Dans le même temps, le FN reste soutenu par des penseurs antisionistes, comme Alain Soral qui, lui, ne critique jamais l’islam. Il y a un équilibre difficile au sein du nouveau FN sur ces questions. Un des symboles de ce renouveau : les positions de Marine Le Pen à l’encontre d’Israël. La présidente du FN a rencontré l’ambassadeur israélien aux Etats-Unis et son compagnon Louis Alliot s’est rendu en Israël. Dans le même temps, la mouvance d’Alain Soral qui soutient de loin Marine Le Pen, préfère aller en Iran. Carl Lang, lui, affirme se placer résolument dans la défense uniquement de la France et de son identité. Il a ainsi pu déclarer : « Nous n’avons d’acte d’allégeance à faire à personne. (…) Je n’ai pas fait le voyage de Téhéran, mais je ne ferai pas le voyage de Tel-Aviv. »
    La candidature avortée de Carl Lang révèle donc une grande complexité au sein de cette famille politique, plus que jamais divisée. Il reste à savoir quel avenir a la « droite nationale », entre critique du FN et tentative de fédération de tous les mouvements nationalistes.
    Vincent Renaud 

    Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat pédagogique entre les étudiants de Sciences Po Nancy et de L’Est Républicain. L’objectif est, avec ces étudiants de plusieurs nationalités, d’apporter un regard différent sur la campagne présidentielle française. Les textes n’engagent que leurs auteurs et non L’Est Républicain.

    Source  :Est Republicain..


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