• Afghanistan, Irak, Gaza sur Seine.

    Paris, Montrouge, Vincennes : terrorisme ou guerre ?

     Par :Kader Hamiche ..

    Afghanistan, Irak, Gaza sur Seine.

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        Je suis consterné par la constance avec laquelle les événements de ces deux derniers jours sont traités sous l’angle du terrorisme islamique dont les acteurs seraient des « loups solitaires », des jeunes perdus et en mal de vivre, « auto-radicalisés », mus par une interprétation erronée d’un islam mal digéré, etc. Cécité ou volonté de noyer le poisson ? Une chose est sûre, l’engagement des troupes françaises sur les théâtres de guerre contre des « islamistes », Afghanistan et Irak, n’a pas été évoqué une seule fois.  Or, l’attentat de Charlie Hebdo et ses prolongements de Montrouge et, au moment où j’écris, de Vincennes, sont évidemment une conséquence de l’engagement de nos troupes pour « l’établissement de la démocratie » dans ces pays. Du point de vue des islamistes, c’est un épisode, une péripétie, une bataille parmi d’autres d’une guerre de libération de ces deux pays de « l’occupation par les infidèles ».

        L’Islam n’est pas le motif central de cette guerre nationale. C’est son ciment comme le patriotisme était le ciment de 1914-18, confrontation entre deux blocs impérialistes en concurrence. L’engagement des troupes françaises aux côtés de celles des Etats-Unis en Afghanistan et en Irak, longtemps retardé sous Chirac, a été activé avec l’arrivée au pouvoir d’une génération d’Atlantistes convaincus. Sarkozy a fait réintégrer la France dans l’Otan ; son successeur Hollande et son équipe de la French American Foundation ont mis nos armées au service de la géostratégie erratique de l’Amérique. Charlie Hebdo, Montrouge et Vincennes en sont les suites.

        Il n’est évidemment pas question pour moi de « normaliser » les acteurs de la tragédie que nous vivons en direct (selon l’AFP, il y a déjà deux morts dans la prise d’otages de l’épicerie kasher) ; ces hommes ne sont pas des « soldats » au sens de combattants à visage découvert contre d’autres combattants capables de se défendre mais des assassins et des tueurs de sang-froid. Mais l’important n’est pas ce que nous pensons, nous, mais ce que eux pensent. De leur point de vue et du point de vue de ceux qui les instrumentalisent ou de ceux qu’ils servent, ce sont bel et bien des soldats qui combattent pour une cause. Des soldats d’une guerre engagée il y a vingt-cinq ans quand l’Amérique armait des talibans afghans pour chasser les Soviétiques et, l’affaire faite, abandonnaient leur peuple à son triste sort avant d’y mener eux-mêmes une guerre sans issue. Et des combattants d’une cause palestinienne – devenue une cause musulmane – dont ils pensent que les occidentaux se désintéressent.

        Le terrorisme est l’arme du faible. Ce qui se passe en ce moment est l’illustration de la formule « dissuasion du faible au fort ». Il n’a pas pour objet de tuer mais de marquer les esprits. Les tueurs ne s’en sont pas pris à Minute car ils savent que la doxa dominante ne s’en serait pas émue et n’aurait pas appelé à la protestation. Ils s’en sont pris à Charlie Hebdo, dont les journalistes sont des « antiracistes » militants (Charb était en couple avec Jeannette Bougrab) et à une jeune policière désarmée. Et ils s’attaquent, c’est une constance depuis 1982, à des citoyens juifs qui vaquaient paisiblement à leurs affaires. C’est cela qui caractérise le terrorisme : faire porter aux non-combattants la responsabilité des guerres.

        Inventé par le FLN le 1er novembre 1954, il avait tout de suite été « externalisé » en Métropole où une vague d’attentats terroristes a fait plus de 10 000 victimes. La méthode fut reprise dans les années 80 avec les attentats de la rue Copernic et de la rue des Rosiers, puis, en 1995, ceux de Khaled Kelkal à Villeurbanne. Jusque là, c’était le fait d’étrangers ou de citoyens français nés à l’étranger ; la nouveauté, c’est que ce sont des Français nés en France qui appuient sur la gâchette.  Cela contribue à expliquer la gestion médiatique et politique de cette affaire : ce qui se passe depuis deux jours démontre que la nationalité française n’est d’aucun poids face à l’allégeance islamique. Et la question ne se pose pas uniquement pour les terroristes. Or, nos gouvernants ne veulent pas remettre en cause leur parti-pris idéologique et droit-de-l’hommiste du « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », dont la vacuité est sans cesse démontrée, car il sert d’autres vues et un autre projet : la fin des nations, l’individualisme, le communautarisme, le mondialisme, etc.

        Pour Al Qaïda ou DAESH,  cette donnée est pain bénit ; le théâtre d’opérations n’est plus seulement partout où l’ennemi occidental a des intérêts mais aussi partout où il y a des Musulmans qui, par définition, font allégeance d’abord et, le plus souvent, exclusivement, à l’Islam. Ce n’est donc pas étonnant que les opérations aient commencé à Paris. Il y a quelques années, j’écrivais que la France entretenait des islamistes qui, dans les salles de boxe subventionnées des quartiers, se préparaient au « grand soir ». Nous y sommes ! Après une période de préparation dont les informations que nous recevons heure par heure sur les frères Kouachi montrent qu’elle dure depuis une quinzaine d’années, les « loups solitaires » d’une vingtaine d’année sont devenus des tueurs de 32 et 34 ans aguerris. Combien, à l’instant où j’écris, sont prêts à entrer dans la bataille Kalachnikov en main ?

        Demain, après avoir défilé avec des pancartes « je suis Charlie », nous brandirons des pancartes « je suis Moïse ». Après-demain, ce sera « je suis la France ». Car c’est désormais la France dans son essence qui est menacée.

    Ses Livres de  Kader HAMICHE.. 

    La France ConfisquéeManifeste d'un fils de Harki fier de l'être


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