Pour faire soigner la petite Nadia, atteinte d'une maladie rare, les Espagnols avaient donné près d'un million d'euros. Mais la solidarité s'est transformée en indignation contre son père, désormais visé par des enquêtes pour escroquerie et exploitation sexuelle de mineur.
Les parents de la fillette de 11 ans, atteinte de trichothiodystrophie, ont été entendus vendredi par un juge de Seu D'Urgell, un village de montagne dans le nord-ouest de la Catalogne. Fernando Blanco et Margarida Grau ont été convoqués après la découverte par la police de photos de Nadia dénudée, dans une clé USB appartenant à son père.
La police les accuse d'avoir dépensé près de 600.000 euros sur les 918.000 euros de dons reçus pour soigner leur fille. Ils ont ainsi acheté une voiture, une maison et des montres de luxe, et laissé le reste de l'argent à la banque. Depuis des années, Fernando Blanco, 52 ans, multipliait les apparitions dans les médias espagnols avec sa fille, affirmant qu'elle était sur le point de mourir et implorant des dons pour la sauver.
Le public avait été séduit par Nadia, timide mais attachante, et par la quête héroïque d'un traitement racontée par son père, déjà condamné par le passé pour escroquerie. Il avait notamment affirmé avoir passé un mois en Afghanistan, "sous les bombes", pour rendre visite à un éminent généticien caché dans une grotte. Fin novembre, Fernando Blanco avait expliqué avoir besoin d'argent pour payer un traitement révolutionnaire basé sur la manipulation génétique dans un hôpital de Houston, aux États-Unis
Une semaine plus tard, les journaux El Pais et Hipertextual dévoilaient la supercherie. Selon leurs investigations, la petite fille était non seulement hors de danger, mais il n'y avait aucune preuve des voyages du père. Ni l'hôpital de Houston, ni le traitement, ni le médecin qui devait s'en charger n'existaient.
Le parquet a ouvert une enquête dans la foulée, tandis que le père était arrêté près de la frontière française, alors qu'il tentait de s'enfuir avec de l'argent liquide, un pistolet chargé à blanc et la clé USB contenant les photos suspectes. Il s'est vu retirer la garde de sa fille, qui vit désormais avec sa tante.
L'affaire a scandalisé le pays et fait surgir des questions sur le travail de nombreux médias ayant relayé l'histoire sans la vérifier. "Comme c'était une histoire humaine, à faire pleurer (...) ils se sont lancés sans réfléchir", a estimé Marcel Mauri, professeur d'éthique journalistique à l'université Pompeu Fabra de Barcelone. "Ils n'ont pas pris de précautions pour éviter de raconter des mensonges. Ils ont péché par excès de générosité, par bonté, pour avoir cru qu'un père ne pouvait pas faire ça", a analysé Rafael de Mendizabal, président de la commission déontologique de la Fédération des associations de presse.
Selon plusieurs fondations, la tromperie a provoqué une chute des dons pour la recherche sur les maladies. Une plateforme représentant plusieurs organisations de patients a publié un communiqué invitant à donner de l'argent uniquement à des projets encadrés, et non à des campagnes individuelles.
Enquête pour "exhibitionnisme et exploitation sexuelle"
Selon une chaîne de télévision régionale, qui a eu accès à l'interrogatoire du juge, l'une des images montrait notamment les parents en pleine relation sexuelle sous les yeux de la fillette. Dans leur déclaration, les parents ont expliqué que les photos servaient uniquement à surveiller l'évolution de la maladie de Nadia. Cette affection génétique rare, sans traitement, peut provoquer perte de cheveux, problèmes de peau, mais aussi retards mentaux et de croissance, voire la mort dans les cas les plus sévères.
"Il n'y a rien de spécial (dans ces photos), ni à contenu pornographique, sexuel ou d'exploitation", a assuré leur avocat, Alberto Martin. Les explications n'ont pas convaincu le juge. Ce dernier a ouvert une enquête pour "exhibitionnisme, provocation sexuelle et exploitation sexuelle" contre les parents, qui s'ajoute à la procédure pour escroquerie entamée en décembre.
La police les accuse d'avoir dépensé près de 600.000 euros sur les 918.000 euros de dons reçus pour soigner leur fille. Ils ont ainsi acheté une voiture, une maison et des montres de luxe, et laissé le reste de l'argent à la banque. Depuis 2009, Fernando Blanco, 52 ans, multipliait les apparitions dans les médias espagnols avec sa fille, affirmant qu'elle était sur le point de mourir et implorant des dons pour la sauver.
Un mois en Afghanistan, "sous les bombes"
Le public avait été séduit par Nadia, timide mais attachante, et par la quête héroïque d'un traitement racontée par son père, déjà condamné par le passé pour escroquerie. Il avait notamment affirmé avoir passé un mois en Afghanistan, "sous les bombes", pour rendre visite à un éminent généticien caché dans une grotte. Fin novembre, Fernando Blanco avait expliqué avoir besoin d'argent pour payer un traitement révolutionnaire basé sur la manipulation génétique dans un hôpital de Houston, aux États-Unis. Il avait même déclaré être atteint d'un cancer mais avoir renoncé à sa fille.
Une semaine plus tard, les journaux El Pais et Hipertextual dévoilaient la supercherie. Selon leurs investigations, la petite fille était non seulement hors de danger, mais il n'y avait aucune preuve des voyages du père. Ni l'hôpital de Houston, ni le traitement, ni le médecin qui devait s'en charger n'existaient. Le père avait fini par avouer qu'il emmenait sa fille "chez des guérisseurs" et non de l'autre côté de l'Atlantique. Si la maladie de la fillette est avérée - une généticienne a confirmé le diagnostic de Nadia en 2006, rapporte Rue 89 - les différentes opérations ont été inventées de toute pièce. Fernando Blanco avait alors assuré sur sa page Facebook qu'il procéderait au remboursement des dons.
Condamné à quatre ans de prison pour escroquerie
Le parquet a ouvert une enquête dans la foulée, tandis que le père était arrêté près de la frontière française, alors qu'il tentait de s'enfuir avec de l'argent liquide, un pistolet chargé à blanc et la clé USB contenant les photos suspectes. Il s'est vu retirer la garde de sa fille, qui vit désormais avec sa tante. L'homme avait déjà été condamné en 2000 à quatre ans de prison pour escroquerie.
L'affaire a scandalisé le pays et fait surgir des questions sur le travail de nombreux médias ayant relayé l'histoire sans la vérifier. "Comme c'était une histoire humaine, à faire pleurer (...) ils se sont lancés sans réfléchir", a estimé Marcel Mauri, professeur d'éthique journalistique à l'université Pompeu Fabra de Barcelone. "Ils n'ont pas pris de précautions pour éviter de raconter des mensonges. Ils ont péché par excès de générosité, par bonté, pour avoir cru qu'un père ne pouvait pas faire ça", a analysé Rafael de Mendizabal, président de la commission déontologique de la Fédération des associations de presse.
Selon plusieurs fondations, la tromperie a provoqué une chute des dons pour la recherche sur les maladies. Une plateforme représentant plusieurs organisations de patients a publié un communiqué invitant à donner de l'argent uniquement à des projets encadrés, et non à des campagnes individuelles.
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