• Riwal : un prestataire visé par la justice

    Riwal : un prestataire visé par la justice..

    Publié le 25 juillet 2015 par Dominique CHALARD

    Alors que l’enquête judiciaire sur un financement présumé illégal du FN se poursuit, la société prestataire du parti a l’interdiction de travailler pour le parti. PHILIPPE DESMAZES / AFP

    Alors que l’enquête judiciaire sur un financement présumé illégal du FN se poursuit, la société prestataire du parti a l’interdiction de travailler pour le parti. PHILIPPE DESMAZES / AFP

    Sur son site Internet, la société de communication Riwal, dirigée par Frédéric Chatillon, un proche de Marine Le Pen, se vante de « soutenir les marques dans leur volonté de marquer les esprits ». De ce point de vue, les prestations fournies au Front national ont tenu promesse. L’enquête judiciaire portant sur un financement présumé illégal du Front national par l’entreprise Riwal est venue contrarier la stratégie médiatique d’un parti raillant les affaires mettant en cause les autres partis. La justice estime à 10 millions d’euros l’argent détourné par Riwal et Jeanne – le micro-parti de Marine Le Pen – pour le financement des campagnes frontistes pour la présidentielle et les législatives de 2012.

    Lire aussi : Le FN face au casse-tête du financement des campagnes électorales

    Avec la perspective des élections régionales en décembre est venue s’ajouter l’impossibilité pour le FN de faire appel à son ancien prestataire. Mise en examen en tant que personne morale pour escroquerie et financement illégal d’un parti politique par une personne morale, Riwal a en effet « l’interdiction » d’entretenir une « relation commerciale directe ou indirecte avec le FN dans le cadre des élections », selon les termes de son contrôle judiciaire. Les juges reprochent à la société d’avoir consenti au Front national ainsi qu’à Jeanne, des « dons déguisés » par le biais des surfacturations, des achats de matériels, des prêts dépréciés sans justification, la mise à disposition de locaux et de salariés, l’emploi présumé fictif de deux cadres du FN ou encore la fourniture de kit de campagnes aux candidats frontistes. Pour les magistrats, ce système avait pour but de permettre au parti d’obtenir le remboursement de ses dépenses de campagne par l’Etat.

    Chez les frontistes, on ne se formalise pas de l’impossibilité qui est faite à Riwal de fournir ses services habituels. « Nous allons nous débrouiller, nous avons déjà fait sans Riwal par le passé », relativise Marine Le Pen. Plusieurs candidats aux élections régionales ont déjà pris contact avec des entreprises de leur région pour assurer l’impression de leurs tracts ou concevoir leurs sites Internet. Certains expliquent qu’ils pourraient même faire appel aux équipes qui œuvrent en temps normal pour le compte de Riwal.

    Marion Marechal-Le Pen, en campagne au Ponte,t près d'Avignon (Vaucluse), le 5 juillet 2015. Laljeune femme a pris l’habitude de faire appel à son propre prestataire, Janus, une société lyonnaise dirigée par d’anciens membres de l’Action française. PHILIPPE LAURENSON / REUTERS

    Marion Marechal-Le Pen, en campagne au Ponte,t près d'Avignon (Vaucluse), le 5 juillet 2015. Laljeune femme a pris l’habitude de faire appel à son propre prestataire, Janus, une société lyonnaise dirigée par d’anciens membres de l’Action française. PHILIPPE LAURENSON / REUTERS

    Du côté de Marion Maréchal-Le Pen, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, ce contrôle judiciaire ne change rien, puisque la jeune femme a pris l’habitude de faire appel à son propre prestataire, Janus, une société lyonnaise dirigée par d’anciens membres de l’Action française.

    En soulignant un point juridique qui avait jusqu’ici échappé à tous les magistrats – la disparition dans le code pénal de l’infraction d’acceptation d’un financement politique par une personne morale –, le trésorier du parti et ancien avocat, Wallerand de Saint-Just, était parvenu à fragiliser la procédure. Mais le parquet de Paris a délivré le 19 juin un réquisitoire supplétif visant cette fois les infractions d’escroquerie et d’abus de bien social.

    L’occasion pour Marine Le Pen de dénoncer sur Twitter « le parquet de Mme Taubira » et une « justice aux ordres ». En privé, la présidente du parti assure qu’elle se prépare déjà à ce que le Front national soit mis en examen à la rentrée. Selon la présidente du parti d’extrême droite, les juges vont chercher à « se venger » de l’imbroglio déclenché autour du cas Wallerand de Saint-Just.

    Les enquêteurs s’intéressent en outre au rôle qu’aurait pu jouer Steeve Briois, alors secrétaire général du parti, dans la mise en place du dispositif des kits de campagne. Ils se fondent notamment sur un mail, envoyé le 2 février 2012 à Frédéric Chatillon et dans lequel il donne des consignes pouvant laisser penser que le Front national était le donneur d’ordres. Dans l’entourage de M. Briois, on assure « que la position du parquet ne tient pas juridiquement ».

    • Olivier Faye
    • source Le Monde

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