• Le grand fossé .

    Le grand fossé .

    Par: Denis Tillinac..

    NKM. En choisissant le PS contre le FN, elle risque, comme ]uppé, d'accréditer l'accusation d'UMPS lancée par Le Pen.

    La jeunette NKM. En choisissant le PS contre le FN, elle risque, comme ]uppé, d’accréditer l’accusation d’UMPS lancée par Le Pen.

    Voici le billet de Denis Tillinac paru dans le dernier numéro de Valeurs actuelles :

    Pauvre droite, tiraillée entre la conscience des périls
    qui s’amoncellent et son attrait pour la politicaillerie !

    Denis TillinacDenis Tillinac..

    L’UMP est un navire sans gouvernail piloté à la diable par un capitaine dont chaque subordonné a déjà préempté son canot de sauvetage. Ça durera au moins jusqu’à la primaire, si tant est qu’elle ait lieu. Certains mettront les voiles vers les rivages marécageux d’un centre surencombré. D’autres cingleront en douce vers un horizon bleu marine, il a au moins l’attrait de la nouveauté.

    Sarkozy sera acculé à des équilibrismes de funambule sur le fil des sondages entre NKM et Wauquiez, le pôle souverainiste et l’européiste, les pro-Merkel et les pro-Poutine, des élus que le FN révulse, des militants qu’il tétanise, des électeurs qu’il fascine. Son autorité y laissera des plumes, son énergie des kilowatts.

    Déjà Hollande se rengorge: entre Sarko et Juppé il voit le fossé se creuser, il s’évertuera à l’élargir avec la complicité de Fillon, de Bertrand et de Le Maire qui, eux, joueront le coup en solistes. Hollande rêve d’affronter Marine Le Pen au second tour du futur scrutin présidentiel. Donc d’affaiblir la droite en mettant ses divisions en exergue. Les stratèges du PS peuvent prendre des vacances : l’UMP fait le job; elle n’a besoin de personne pour exhiber ses avanies, comme on l’a vu avec cette législative partielle dans le Doubs.

    La raison politique et le simple bon sens eussent exigé que, dès le lundi suivant le premier tour, voire dès le dimanche soir, le président élu de l’UMP annonçât la seule décision pertinente : abstention ou vote blanc. Quelle autre ligne adopter face aux candidats de deux partis également hostiles au sien ? Au lieu de quoi, des ego camés aux médias ont servi la soupe à Marine Le Pen en avalisant sa thèse d’une connivence UMPS.

    À quoi bon rappeler que la fusion dans un même condominium d’une droite populaire, cocardière et identitaire et d’une mouvance européiste, plus ou moins libertaire et acquise au multiculturalisme cher aux bobos, aura été une grave bévue ? La polarisation sur le FN trahit une fracture qui forcément s’amplifiera à l’heure des choix cruciaux, car le système dérive vers un tripartisme et rien ne laisse présumer un reflux du néolepénisme.

    Sarkozy préfère gérer la confusion plutôt que de risquer un clash qui le droitiserait pour de vrai sans assurance d’encaisser les dividendes de l’électorat du FN. C’est sa stratégie. Elle condamne l’UMP à n’être qu’un agrégat d’ambitions sans colonne vertébrale, avec des idées molles d’experts technos ou de communicants ivres de cynisme. Alors que, sur le champ de la pensée, l’héritage des soixante-huitards s’exténue, alors que la promesse d’une vraie alternative intellectuelle et morale commence à ensoleiller les esprits, la droite « officielle » s’enlise dans les moeurs du pire régime des partis, celui de la IVème République au plus près de son agonie.

    Quel coeur de 20 ans un peu vaillant, un peu fervent, irait se commettre dans ce marigot insipide ? Quelle plume d’écrivain un peu mousquetaire irait dégainer pour la défense et illustration d’arrivismes de petit tonnage ? Harki ou cocu à la Feydeau : très peu pour moi! À vrai dire je n’ai jamais misé sur l’espoir d’une embellie sur la classe politique. Mais par les temps orageux qui courent, le contraste entre l’imminence de périls majeurs et le sempiternel recyclage des fadaises sur les  »valeurs républicaines » donne la nausée.

    Alors, que faire ? Des livres qui lèvent des tabous. Des clubs de pensée sans affiliation partisane, comme la gauche a su le faire entre la fin du gaullisme et la prise du pouvoir par Mitterrand. De l’agit-prop comme elle continue de le faire avec son « je suis Charlie » et ses incantations de fausse bigote à la « laïcité ». Des réseaux d’influence exerçant ici et là des pressions pour qu’une éventuelle alternance politique ne se résume plus à un simple troc d’éminences dans les palais de l’État. Car si tel est le cas, peu nous importera que les bonnets blancs de la droite ou les blancs bonnets de la gauche soient aux manettes. Sous leurs grimages ils sont tous du même gris délavé.

    Denis Tillinac pour Valeurs actuelles.

    Christian Balboa@ChrisBalboa78


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