• L’ISF, « obtenir les suffrages des pauvres et l’argent des riches »

    L’ISF, ou comment « obtenir les suffrages des pauvres et l’argent des riches »

    Entre le militant multicarte Laurent Ruquier et le Fouquier-Tinville d’opérette Yann Moix, « On n’est pas couché » est une émission que toute personne normale ne peut supporter qu’un quart d’heure. Hier soir, le mien tomba sur Hervé Mariton interrogé sur l’ISF, que Fillon propose de supprimer. Non moins que tous ses prédécesseurs dits de droite. Mais, comme disait Robert Lamoureux, « le mardi matin, le canard était toujours vivant »… Pourtant, cet impôt a longtemps coûté plus cher qu’il ne rapportait. Mais il avait et conserve un gros avantage politique : murmurer aux oreilles des sans-dents « Vote pour moi, j’irai voler le riche à ta place ».

    Avec la bulle immobilière, l’ISF a probablement commencé à rapporter trois sous, tandis que de braves retraités, qui avaient commis l’erreur funeste de se saigner pendant trente ans pour un appartement sympa, découvraient chaque année le plaisir printanier d’évaluer les cuillères en vermeil héritées de tante Cunégonde ! N’est-ce pas un hilarant spectacle que les contorsions de nos politiques pour afficher des patrimoines inférieurs au seuil d’imposition : « Plus pauvre que moi, tu meurs… »

    Si les services fiscaux n’ont pas de mal à évaluer ce que cet impôt rapporte, ça se gâte quand il s’agit d’appréhender ce qu’il fait perdre à la nation.

    Timidement, Bercy publie bien de temps en temps le nombre des assujettis qui s’expatrient avec leurs fortunes, mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Beaucoup de jeunes Français sont partis, sous Mitterrand, tenter leur chance aux USA, au Brésil ou à Singapour, où François Hollande goûte aujourd’hui même, mais plus pour longtemps, le confort d’Air France One. Ceux qui ont monté, là-bas, des entreprises florissantes ont aujourd’hui l’âge de la revendre et de revenir passer au pays le reste de leur âge, près de leurs enfants et petits-enfants.

    Quoique désagréable, se retrouver imposé à l’ISF quand celui-ci ne représentait que 10 ou 20 % des intérêts de vos placements, c’était supportable. Mais lorsque, comme aujourd’hui, les taux d’intérêt sont pratiquement égaux à ceux de l’ISF (et qu’il faut s’acquitter, en plus, de l’IRPP), il faudrait être inconscient pour revenir en France et donner à l’État, s’il vous reste encore trente ans à vivre, plus du tiers du produit d’une vie de travail ! Ces gens – qui ne figurent dans aucune statistique – continueront donc à irriguer les économies d’autres pays… Le magazine américain Forbes, qui publie la liste annuelle des milliardaires, vient précisément de révéler, dans un silence médiatique total, qu’en 2016, le nombre de milliardaires français a baissé de moitié par rapport à l’année précédente, passant de 74 à 39…

    Où sont-ils donc passés ? Peut-être « boulevard des Français » à Uccle, banlieue de Bruxelles, dont le véritable nom est chaussée de Waterloo. Tout un symbole… Au fait, quel capital faudrait-il placer pour toucher, comme le président de la République, une retraite de 30.000 € par mois ? Avec un taux de 2 %, ce serait environ 20 millions. Ne serait-il pas juste que cet homme qui n’aime pas les riches paye au moins 1,5 % par an sur ce capital, « virtuel » certes, mais dont il touchera une rente qui n’existe que grâce à nos impôts ? Nul doute qu’il abolirait l’ISF sur l’heure et que beaucoup d’inspecteurs des finances l’approuveraient !

    Mais quel que soit l’élu du 7 mai, il est douteux de voir de notre vivant l’abolition d’un système consistant à « obtenir les suffrages des pauvres et l’argent des riches, au prétexte de les protéger les uns des autres » (Beau de Loménie).

    Richard Hanlet

    Source : http://www.bvoltaire.fr


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