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Front national : ambiance délétère chez les frontistes varois
Législatives - Front national : ambiance délétère chez les frontistes varois
Une femme a été agressée parce qu'elle distribuait des copies d'articles du "Point" relatant le passé sulfureux de Frédéric Boccaletti, candidat bleu marine.
Publié le 08/06/2017 à 12:09 | Le Point.frFrédéric Boccaletti entre Marion Maréchal-Le Pen, dont il avait dirigé la campagne pour les régionales, et Philippe Vardon, fondateur du Bloc identitaire niçois au conseil régional de Paca. ©BORIS HORVAT / AFP
Dans la 7e circonscription du Var – qui comprend notamment La Seyne-sur-Mer –, la violence fait rage. Dernier épisode : mercredi, sur un marché de Sanary, une femme a été frappée et mise à terre parce qu'elle distribuait des photocopies d'articles du Point. Les papiers rendaient compte de la biographie et du parcours judiciaire de Frédéric Boccaletti, l'homme fort du parti de Marine Le Pen dans le Var. Et notamment de son séjour en prison après avoir été condamné, en 2000, pour violences en réunion avec armes.
La blessée a dû être transportée aux urgences par les pompiers.
Régionales 2015 - Paca : le lourd passé de Frédéric Boccaletti
Le candidat FN dément l'agression et fournit la contre-plainte déposée par son militant, qui affirme avoir été « agressé » par une femme qui « n'a pas supporté qu'on la prenne en photo pour dénoncer le sabotage de (leur) campagne ». Pour se justifier, le candidat, ancien gérant de la librairie Anthinéa qui diffusait des ouvrages sulfureux, fournit une revue de presse constituée d'articles de Var-Matin qui relate plusieurs mois d'incidents entre différentes tendances du Front national.
Une ambiance délétère règne dans le camp frontiste du département. Ainsi, Véronique Sanchez, élue FN, a été suspendue par Boccaletti, le « préfet » du Rassemblement bleu marine (RBM) et ex-directeur de campagne de Marion Maréchal-Le Pen aux dernières élections régionales. Plusieurs élus et militants contestent son leadership réputé brutal et ont saisi les instances nationales. En vain. Générant régulièrement de la violence sur son passage, Boccaletti est pour le moment soutenu par la direction du parti. Bien que Marine Le Pen ait promis qu'aucun repris de justice ne serait candidat aux législatives au nom de son mouvement.
Hémorragie
Parmi les dissidents, Laurent Lopez, ancien acolyte de Boccaletti, « son ami de vingt ans ». Il a connu son heure de gloire alors que les médias nationaux et internationaux affluaient après sa victoire à l'élection cantonale de Brignoles en 2013 face à la droite soutenue au second tour par le PS. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts : « J'ai rendu tous mes mandats, relate Lopez. Marine Le Pen est en contradiction avec ses prises de position publiques concernant les gens condamnés qui ne peuvent pas solliciter les suffrages des électeurs au nom de notre mouvement. » Pour lui, la dérive de la fédération du Var remonte à loin : « Nous étions les premiers. Désormais, le FN est derrière les Bouches-du-Rhône. Chaque mois, il perd des cadres et des adhérents. »
« Il n'y a pas d'hémorragie de cadres ou de militants, conteste Boccaletti. En réalité, certains ont quitté le FN pour des raisons personnelles et puis il y en a d'autres qui n'ont pas eu l'investiture souhaitée ou ne respectent pas le choix des candidats. »
Un ex-skinhead
Parmi les démissionnaires, l'agrégé de physique Jean-Bernard Formé, 52 ans. Déjà lors des régionales, lorsque Marion Maréchal lui commande un rapport sur la gestion des lycées, Boccaletti le jette à la corbeille avant qu'il n'atterrisse sur le bureau de la candidate. « Il me disait que je n'avais rien compris aux lycées, lui qui a poursuivi des études jusqu'en... cinquième », s'étrangle l'enseignant joint par Le Point après ses huit heures de cours. Le professeur de sciences physiques raconte avoir été menacé de se faire « foutre sur la gueule » par Boccaletti : « Ce sont ses propres termes et, quand je lui ai dit j'arrive, il n'y avait plus personne. »
Enfin, en guise de formateur à la pratique politique, Frédéric Boccaletti fait venir Philippe Vardon, fondateur du Bloc identitaire niçois, ex-skinhead « recyclé » par le FN. À la suite de la publication en octobre 2013 par Le Point d'une vidéo datant de 1998 le montrant entonner un chant nazi, il avait pourtant été déclaré indésirable par le RBM. Un ostracisme qui n'a pas duré bien longtemps. Il est aujourd'hui élu FN au conseil régional.
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