JUSTICE - Des policiers pris pour cible, des habitants confinés chez eux: la cité de La Castellane à Marseille a pris des airs de fort retranché lundi 09 février après des tirs de kalachnikov, le jour même de la visite de Manuel Valls dans la ville.
Tout a commencé par un coup de fil de riverains à la police dans la matinée: "cinq à dix" personnes cagoulées auraient tiré "en l'air" à la kalachnikov au bas de l'une des tours de cet ensemble d'environ 7000 habitants. Aussitôt, les forces de l'ordre prennent le chemin de cette cité des quartiers nord connu comme un haut lieu du trafic de drogues.
Une centaine d'hommes, dûment armés et casqués, bouclent les accès, condamnent alors le rond-point devant les tours de béton. A midi, le camion noir blindé siglé GIPN, appelé en renfort, commence à pénétrer lentement les lieux. Un hélicoptère de la gendarmerie surveille aussi l'opération, un deuxième appareil sera également mobilisé plus tard.
"Nous avons été rafalés"
Peu avant, des parents alertés se pressent devant l'école à l'entrée de la cité pour réclamer leurs enfants. Impossible: l'établissement a été sécurisé, la cour est occupée par des hommes en armes et dotés de boucliers. La tension monte. Deux enfants finiront par être remis à leur père, sortant de l'école encadré par des policiers.
"On a maintenant des gamins à la maternelle protégés par le forces de l'ordre, des gamins à l'école élémentaire, des gamins à la crèche... On a toute une population prise en otage. Vous êtes dans un ghetto !" tonne le député de la circonscription Henri Jibrayel (PS). "On a rencontré un groupe de jeunes qui travaillent et qui ne veulent plus être stigmatisés, qui en ont assez de cette cité où il y a 7-8 réseaux, où un groupuscule terrorise tout le monde et qui met sa loi. On est dans un état de non droit", lance-t-il encore.
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Plus grave encore: trois véhicules de police, clairement identifiables, ont essuyé des tirs, a priori de kalachnikov, en arrivant sur place. L'une des trois voitures transportait Pierre-Marie Bourniquel, directeur départemental de la sécurité publique, responsable des opérations. "Nous avons été 'rafalés'... Le commandant qui était avec moi a vu des impact à un mètre de lui..." souffle ce haut responsable policier.
Les tirs "sont inacceptables", a commenté le Premier ministre. "Il y a peu de temps, on n'aurait pas pu intervenir aussi rapidement, boucler le quartier, protéger les écoles, protéger les habitants, et s'emparer de plusieurs armes de guerre", a-t-il également déclaré. Sa visite dans la ville pour dresser un bilan de la lutte contre la délinquance dans le département était prévue de longue date.
Les tirs à Marseille sont la "démonstration" qu'il faut une "action dans le temps", a aussi dit le Premier ministre.
Vers 14h, les hommes du GIPN avaient totalement investi les lieux, promis à un vaste programme de rénovation. Une cache d'armes est découverte dans un local inoccupé. Sept kalachnikovs ont été retrouvées, ainsi que des chargeurs et une petite quantité de cannabis, a-t-on précisé, ajoutant que l'enquête sur cette affaire a été confiée à la PJ.
Des prélèvements ADN ont été effectués "afin de pouvoir procéder à l'arrestation des personnes" à l'origine de cette fusillade, a indiqué le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Le 15 janvier, un jeune homme de 25 ans a été abattu d'une balle dans la tête dans un règlement de comptes dans la cité de La Castellane.
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